Merkel solde les comptes

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les délégations allemandes qui se sont rendues en Israël n’ont généralement pas eu la vie facile. Pas une heure sans qu’on leur fît sentir que toutes leurs manifestations de bonne volonté ne les exonéraient pas des crimes commis par leurs aînés. Une fois confirmé solennellement de part et d’autre que la dette de la Shoah n’était en aucun cas susceptible d’être éteinte par des indemnités, une « rallonge » financière n’en était alors pas moins habituellement accordée par les visiteurs de Bonn, venant s’ajouter aux milliards de dollars versés depuis les accords germano-israéliens de 1952.
Rien de tel durant les trois jours que la chancelière Angela Merkel a passés en Israël, du 16 au 19 mars. Préparé pendant des mois, son voyage semble avoir tourné définitivement la page de la repentance germanique en terre juive. D’abord, elle n’a pas débarqué seule à Tel-Aviv : huit ministres l’entouraient. Ensuite, elle a symboliquement réservé la première étape (héliportée) de son périple à la maison de Ben Gourion, le père fondateur de l’État, dans le désert du Néguev, puis est retournée (pour la troisième fois !) se recueillir à Yad Vashem, le musée de l’Holocauste, avant de prononcer quelques phrases en hébreu devant la Knesset, malgré l’autorisation exceptionnelle qui lui avait été accordée de s’y exprimer dans sa langue.
Surtout, tout en s’abstenant de formuler la moindre critique sur le comportement de l’armée israélienne à Gaza ou celui des promoteurs juifs à Jérusalem-Est – et en évitant de rencontrer le président Mahmoud Abbas -, Merkel a annoncé la tenue à Berlin, au mois de juin, d’une conférence internationale sur l’aide aux Palestiniens. Pour « renforcer la police et le système judiciaire dans les Territoires », afin de se rapprocher « d’une solution basée sur deux États ». Elle n’a pas non plus marchandé le soutien stratégique de l’Allemagne pour faire barrage à la bombe nucléaire iranienne (« une menace contre Israël représente une menace pour nous tous ! »).
Enfin, sans avoir été exhibées comme autant de trophées, les signatures de contrats se sont multipliées : deux sous-marins nucléaires ici, des laboratoires scientifiques là, sont venus confirmer la place de l’Allemagne comme le premier partenaire économique d’Israël en Europe et le deuxième dans le monde après les États-Unis.
Bref, ovationnée partout, la chancelière n’a pas quitté le tapis rouge déroulé devant elle. L’affaire était pourtant loin d’être gagnée d’avance, puisqu’à la « raideur mémorielle » des Israéliens s’ajoute l’opinion de la majorité (51 %) des Allemands selon lesquels « le traitement qu’Israël inflige aux Palestiniens n’est pas essentiellement différent de celui que les nazis ont réservé aux juifs ». De quoi justifier le fait que 77 % d’entre eux (selon un sondage BBC de 2007) manifestent une « opinion plutôt négative à l’égard d’Israël ».

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