Le Tibet face à la Realpolitik

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

LE SANG A COULÉ dans les rues de Lhassa, la capitale du Tibet. Le 16 mars, des émeutes d’une violence inouïe ont secoué la ville. Pour la première fois depuis vingt ans, le pouvoir chinois, soucieux d’endiguer la propagation de la contestation, ouvre le feu. Plusieurs dizaines de morts des deux côtés. Et pour la première fois aussi, on assiste à des scènes de lynchage de civils chinois par les émeutiers tibétains. La culture de la non-violence a ses limites. Comme en Birmanie, en septembre 2007, les héritiers des moines-soldats mènent la fronde. Le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains qui quitta clandestinement son pays en 1959, à 24 ans, pour se réfugier en Inde, propose aujourd’hui de dialoguer directement avec le chef de l’État chinois, Hu Jintao. Sa « voie du milieu », une autonomie culturelle négociée directement avec Pékin, il l’avait déjà annoncée en1987. Depuis, le monde, la Chine et le Tibet ont changé. Mais les problèmes restent les mêmes.

Les Tibétains n’en peuvent plus. Face à la « colonisation planifiée » par Pékin et aux discriminations dont ils sont victimes, ils demeurent impuissants. Et débordés par le nombre de leurs oppresseurs. Au Tibet, aujourd’hui, la population chinoise est majoritaire: 7 millions, contre 5,5 millions. Un phénomène accentué par l’arrivée du chemin de fer, en 2006, reliant Pékin à Lhassa. Le Tibet, riche en minerais (uranium, lithium, etc.), est une terre où la ségrégation est loi: pas d’éducation ou de soins pour les Tibétains, la gratuité de tous les services publics pour les ChinoisLa jeunesse tibétaine, qui ne voit pas les résultats de la politique de non-violence prônée par le Prix Nobel 1989, et une partie de la base des religieux se radicalisent.
Face à cette situation, point de salut. Le statut de « région autonome » est une chimère. Le dalaï-lama n’est plus en phase avec son peuple, dont la majorité réclame l’indépendance. Pékin n’est pas prêt à céder, proximité des jeux Olympiques ou pas. D’ailleurs, personne au sein de la communauté internationale ne réclame l’indépendance du Tibet ni même ne songe à mettre la pression sur des autorités chinoises pour le moins sourcilleuses dès qu’il s’agit des affaires qu’elles estiment « intérieures ». Tout juste consent-on à leur demander un peu de retenue ou de ne pas taper trop fort sur les manifestants. En attendant, la Chine assume ses réflexes impériaux. Dans l’indifférence la plus totale

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