Mali : décès de Mamadou Super Koné, le photographe des présidents

Mamadou Koné, dit Super Koné, s’est éteint lundi 6 mai à Montfermeil, dans la banlieue parisienne, à l’âge de 71 ans. Au cours d’un demi-siècle de carrière, il aura photographié la plupart des présidents et chefs d’État africains.

Le photographe Mamadou Super Koné, dans les années 1980. © DR / Collection personnelle Mamadou Koné

Le photographe Mamadou Super Koné, dans les années 1980. © DR / Collection personnelle Mamadou Koné

Publié le 8 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

« Le Mali et le monde perdent un photographe émérite qui a immortalisé de grands moments de notre histoire contemporaine ». L’hommage rendu mardi par le président Ibrahim Boubacar Keïta à Mamadou Koné, dit « Super Koné », est l’une des nombreuses marques de respect et de tristesse qui ont fleuri ces dernières heures.

Décédé lundi 6 mai à Montfermeil, dans la banlieue parisienne à l’âge de 71 ans, Mamadou Koné était un photographe du siècle passé, au sens noble du terme. Un adepte de l’argentique, dont l’objectif aura capturé tant d’instants décisifs dans les couloirs des palais présidentiels des capitales africaines qu’il est difficile de les recenser.

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Un quart de siècle de l’histoire politique africaine

Homme affable et prolixe, il avait ses habitudes à la rédaction de Jeune Afrique, où il rendait régulièrement visite aux équipes, jamais avare d’une anecdote sur ses cinquante années de carrière dans les couloirs des palais. Son porte-cigarette en ivoire entre les doigts, il aimait à glisser ici où là quelques piques bien senties, aussi, sur les présidents qu’il a côtoyé, comme ce fut encore le cas moins d’un mois avant sa disparition.

Installé depuis plusieurs années à Sarcelles avec Fatim, son épouse, Mamadou Koné était père de quatre enfants. À Paris, lorsqu’il souhaitait rencontrer ses amis et connaissances, c’est au bar d’un hôtel chic de la Porte Maillot qu’il leur donnait rendez-vous.

Mamadou Koné avait mille choses à raconter. Pendant un demi-siècle, il aura fixé sur pellicule les visages de la majeure partie de celles et ceux qui ont écrit l’histoire du continent. Appareil en bandoulière, il a démarré sa carrière en décrochant une autorisation lui permettant d’accéder aux cérémonies officielles du palais présidentiel malien.

De Senghor à Condé en passant par Mobutu

Quelques unes des photos de Mamadou Koné, dit Super Koné. © DR / Mamadou Koné

Quelques unes des photos de Mamadou Koné, dit Super Koné. © DR / Mamadou Koné

D’Ahmadou Ahidjo à Léopold Sédar Senghor, aucun des « pères de l’indépendance » n’échappe à l’objectif de Mamadou Koné

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En 1975, il accède à la notoriété internationale avec la sortie de son livre Coiffures traditionnelles et modernes du Mali, aux Éditions populaires du Mali. Si le jeune photographe gagne alors bien sa vie, il acquiert surtout un succès qui lui ouvre des portes.

Son amitié avec l’ethnologue et cinéaste français Jean Rouch fera le reste : ce dernier le présente en effet à Jacques Foccart. Le « Monsieur Afrique » des présidents français, tout en tirant les ficelles de la Françafrique, lui donne un accès privilégié aux présidents africains lorsque ceux-ci sont de passage à Paris.

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Du Camerounais Ahmadou Ahidjo au Sénégalais Léopold Sédar Senghor, aucun des « pères de l’indépendance » n’échappe à l’objectif de Mamadou Koné. Pas plus que les chefs d’État de la « deuxième génération » – celle des Mobutu Sese Seko, Lansana Conté, et Abdou Diouf -, et des suivantes, d’Abdoulaye Wade à Denis Sassou-Nguesso en passant par Alpha Condé.

>>> A LIRE – Le désespoir de « Super » Koné

S’il entretenait des relations très proches avec plusieurs de ces chefs d’État, notamment avec Abdou Diouf, c’est son amitié avec le président ivoirien Félix Houphouët Boigny, dont il devient le photographe attitré à partir de 1985, qui aura sans doute le plus marqué Mamadou Koné. Au point que ces dernières années, il bataillait pour lever suffisamment de fonds pour accomplir ce qu’il considérait comme son grand oeuvre : un ouvrage rassemblant 1 800 clichés inédits, et plus d’une centaine de témoignages, sur la présidence d’Houphouët.

Un projet qu’il n’a malheureusement jamais pu mener à terme, faute des fonds nécessaires.

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