En Éthiopie, les salariés du textile sont les moins bien payés au monde

Les salariés des usines de vêtements d’Éthiopie, qui travaillent pour des marques comme Guess, H&M ou Calvin Klein, sont les moins bien payés au monde, avec seulement 26 dollars (23 euros) par mois, selon un rapport rendu public mardi.

Cette année, l’Éthiopie devrait connaître une croissance de 7,5 % (ici, une usine textile à Addis-Abeba). © kay nietfeld/dpa/AFP

Cette année, l’Éthiopie devrait connaître une croissance de 7,5 % (ici, une usine textile à Addis-Abeba). © kay nietfeld/dpa/AFP

Publié le 8 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

L’Éthiopie, qui ambitionne de devenir le principal centre manufacturier du continent, a séduit les investisseurs en mettant en avant la disposition des salariés à travailler pour moins de la moitié du salaire des travailleurs du Bangladesh, affirme le rapport du Centre Stern pour les affaires et les droits de l’homme de l’université de New York.

Selon cette étude dévoilée mardi 7 mai et intitulée « Fabriqué en Éthiopie : les défis de la nouvelle frontière de l’industrie du vêtement », les salariés du Bangladesh, notoirement mal payés, gagnent 95 dollars par mois, ceux du Kenya 207, et ceux de Chine 326 dollars.

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« Plutôt que la force de travail docile et bon marché promue en Éthiopie, les fournisseurs basés à l’étranger ont rencontré des employés qui sont malheureux de leur rémunération et de leurs conditions de vie, et qui veulent de plus en plus protester en cessant le travail ou même en démissionnant », déclare le directeur adjoint du centre, Paul Barrett.

« Le salaire de base trop faible »

« Dans leur empressement à créer une marque « Made in Ethiopia », le gouvernement, les marques mondiales et les fabricants étrangers n’ont pas prévu que le salaire de base était tout simplement trop faible pour que les travailleurs puissent en vivre ».

>>> À LIRE – Enquête : un vent de libéralisation souffle sur l’Éthiopie

L’Éthiopie n’a pas instauré de salaire minimum dans le secteur privé. Selon le rapport, les salariés de la confection, parmi lesquels de nombreuses femmes, ont du mal à s’en sortir, et sont très peu formés. Des conflits culturels les opposent également aux dirigeants des usines, originaires d’Asie.

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L’étude s’est penchée sur le Parc industriel d’Hawassa (sud), l’un des cinq centres industriels inaugurés par le gouvernement depuis 2014, qui emploie 25 000 personnes et fabrique des vêtements pour des marques du monde entier.

Fort turn-over

À terme, environ 60 000 personnes devraient y travailler. Des entreprises chinoises, indiennes et sri lankaise ont ouvert des usines dans ce parc.

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Le gouvernement espère que les exportations de vêtements, qui représentent actuellement 145 millions de dollars par an, vont grimper à environ 30 milliards. Un objectif qui « paraît irréaliste », selon le rapport, ne serait-ce que parce que les bas salaires ont entraîné une productivité médiocre, des grèves à répétition et un fort turn-over.

Des usines ont remplacé l’intégralité de leurs salariés tous les 12 mois en moyenne, indique le rapport. Le Centre Stern appelle donc le gouvernement éthiopien à instaurer un salaire minimum et à élaborer un plan économique à long terme pour renforcer l’industrie du vêtement.

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