Afrique du Sud : l’ANC en tête des législatives malgré un net recul du parti

Le Congrès national africain (ANC) semblait assuré de remporter les élections législatives selon des résultats provisoires jeudi mais avec un score en net recul qui va compliquer la tâche du président Cyril Ramaphosa pour réformer le pays.

Cyril Ramaphosa en campagne à l’Ellis Park Stadium de Johannesburg, le 5 mai 2019. © Ben Curtis/AP/SIPA

Cyril Ramaphosa en campagne à l’Ellis Park Stadium de Johannesburg, le 5 mai 2019. © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 9 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Un mur peint aux couyleurs de l’ANC, en Afrique du Sud, à la veille des élections générales du 8 mai 2019. © Ben Curtis/AP/SIPA
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Élections en Afrique du Sud : l’ANC, un favori controversé en perte de vitesse

26,7 millions sont appelés aux urnes mercredi 8 mai pour les premières élections depuis le départ de Jacob Zuma et l’arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa en février 2018. Le Congrès national africain, au pouvoir depuis 25 ans, se présente en favori logique pour ce scrutin qui devrait consacrer la réélection de Cyril Ramaphosa. Mais, minée par d’importantes divisions internes héritées de l’ère Zuma, critiquée pour son bilan économique, l’ANC est confrontée au mécontentement d’une partie de l’électorat et à la montée des Combattants pour la liberté économique de Julius Malema et l’Alliance Démocratique.

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Après dépouillement de près des deux-tiers des 23 000 bureaux de vote, l’ANC était crédité de 57,16% des suffrages lors des scrutins de mercredi. Il devrait donc conserver sa majorité absolue à l’Assemblée, synonyme de nouveau mandat à la tête de l’État pour Cyril Ramaphosa.

S’il se confirme, ce résultat constituerait cependant la plus mauvaise performance du parti de feu Nelson Mandela à des élections législatives. En 2014, il avait recueilli 62,15% des voix.
« L’ANC est en route vers un solide succès compte tenu de ses mauvais résultats en matière de gouvernance », a résumé l’analyste Daniel Silke, « son recul prive toutefois le parti de toute marge de sécurité et le contraint à réussir, faute de quoi il risque gros aux élections de 2024 ».

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Derrière la formation du président, l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, pointe en deuxième position avec 21,88% des voix, un score en dessous de celui d’il y a cinq ans (22,23%), selon les résultats partiels. « Je suis relativement satisfait » avec les résultats actuels, a réagi le chef de la DA, Mmusi Maimane, en début de soirée jeudi. « Le soutien à la DA est très fort », a-t-il estimé devant la presse.

La troisième marche du podium revient aux Combattants pour la liberté économique (EFF) du bouillonnant Julius Malema. En forte progression par rapport aux 6,35% réunis en 2014, le parti de la gauche radicale totalise cette fois 10,07%, selon des résultats partiels. « Nous sommes satisfaits de notre position puisque nous sommes nettement au-dessus de nos résultats de 2014 », s’est réjoui un des responsables du parti, Dali Mpofu.

Inférieure à 66%, la participation à ces élections s’annonce par ailleurs en nette baisse par rapport aux législatives de 2014 (73,48%).

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Déclin

Vainqueur de tous les scrutins post-apartheid, l’ANC a vu sa popularité plonger sous le règne émaillé de scandales de son prédécesseur Jacob Zuma. Aux élections locales de 2016, l’ANC avait même touché le fond en n’obtenant que 54% des voix au niveau national. Malgré sa popularité, Cyril Ramaphosa n’a, au mieux, réussi qu’à limiter la casse pour son parti.

Le chef de l’État s’était pourtant montré très sûr de lui en votant mercredi. « Les résultats du scrutin constitueront un encouragement important aux investisseurs », avait-il lancé.

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Depuis qu’il a poussé Jacob Zuma vers une retraite anticipée début 2018, Cyril Ramaphosa a reconnu les « erreurs » commises par son parti et promis d’éradiquer la corruption et de relancer l’économie.

Un an plus tard, l’ancien syndicaliste reconverti avec succès dans les affaires tarde à tenir ses promesses.

Tout au long de sa campagne électorale, il a été confronté à la déception, l’impatience, voire la colère d’une part croissante de la population, qui s’estime oubliée de la nation « arc-en-ciel » rêvée par Nelson Mandela.

Changement

Le bilan d’un quart de siècle de gouvernement ANC laisse à désirer. Le chômage a atteint des proportions endémiques (27%), la corruption a gagné le plus haut sommet de l’État et les inégalités sociales se creusent.

Avant le scrutin, l’opposition a lourdement insisté sur ces échecs et appelé le pays à sanctionner l’ANC. « Changeons les choses », a lancé mercredi le chef de file de la DA, Mmusi Maimane.

« Si vous avez besoin de changement, les EFF sont la solution », a renchéri leur leader Julius Male.

Certains électeurs traditionnels les ont déjà rejoints.

« L’ANC a cru que nous ne le lâcherions pas, une certaine forme d’arrogance les a gagnés », a critiqué Mandla Booi, un ouvrier de 45 ans de Port-Elizabeth (sud). « Moi, j’ai préféré partir et j’ai pris ma carte de membre des EFF. »

Une fois la victoire de l’ANC confirmée, Cyril Ramaphosa devrait être réélu par les députés et être investi pour un nouveau mandat de cinq ans dès le 25 mai.

Avec une performance électorale médiocre, la plupart des observateurs lui prédisent des difficultés à faire passer ses réformes, les partisans de l’ex-président Zuma disposant toujours d’une forte capacité de nuisance au sein de l’ANC.

« Il va devoir convaincre (…) les factions les plus extrêmes de son parti », a résumé Daniel Silke, « ses principales difficultés viendront de son parti ».

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