« Jusqu’ici tout va bien »

Attentats, guerre civile larvée, plus de 4 millions de réfugiés… Cinq après l’invasion américaine, George W. Bush estime que des « progrès significatifs » ont été accomplis.

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Le cinquième anniversaire de l’invasion de l’Irak a donné lieu aux États-Unis à un vif débat sur le coût de la guerre. Alors que le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz l’évalue, à long terme, à au moins 3 000 milliards de dollars, le Pentagone l’estime, à ce jour, à 526 milliards de dollars. D’autres chiffres sont moins sujets à polémique : 4 295 soldats de la coalition y ont laissé la vie ; sur les 54 responsables irakiens les plus recherchés, 1 seul court toujours, Izzat Ibrahim al-Douri ; plus de 4 millions d’Irakiens sont officiellement recensés comme des réfugiés (dont la moitié à l’étranger).
« Renverser Saddam Hussein était une bonne décision », continue pourtant de répéter George W. Bush. Il est vrai que les Irakiens peuvent désormais voter à condition d’arriver vivants aux bureaux de vote. Le régime corrompu du Baas a été terrassé, mais on ignore comment seront utilisés les 40 milliards de dollars de recettes pétrolières réalisées en 2007. Aucune affaire de corruption impliquant des membres des gouvernements successifs depuis le 28 juin 2004, date du transfert du pouvoir aux Irakiens, n’a été traitée par la justice. « La violence a baissé de 70 % », assure le vice-président américain, Dick Cheney, en visite à Bagdad le 19 mars. Mais au moment même où il prononçait ces mots, trois obus de mortier tombaient à moins de 200 mètres de l’endroit où il se trouvait, dans la fameuse Zone verte. La veille, une femme s’était fait exploser à Kerbala, au milieu d’une procession chiite, tuant 52 personnes, dont 5 pèlerins iraniens. Le lendemain, une autre femme l’imitait dans la province sunnite de Diyala : 3 morts. Les « progrès significatifs » que s’entêtent à voir les Américains semblent aussi réels que les armes de destruction massive de Saddam. La palme de la cécité revient au candidat républicain à la présidentielle américaine de novembre, John McCain, qui s’est inquiété de la « complicité naissante entre Al-Qaïda et les chiites ». Inquiétante méconnaissance de la part d’un possible futur hôte de la Maison Blanche.
À l’actif de l’occupant américain, une brillante idée : la mise sur pied des milices Sahwa, constituées d’ex-insurgés ralliés à la coalition pour combattre Al-Qaïda. Le succès est indéniable. Revers de la médaille : les sunnites affichent désormais leurs armes au grand jour, un privilège jusque-là réservé aux seuls miliciens chiites (Brigades Badr ou l’Armée du Mahdi), qui constituent l’essentiel des forces gouvernementales. Alliés objectifs dans la lutte contre les djihadistes, les deux forces n’en oublient pas pour autant leurs différends. Conséquence : la multiplication des expéditions punitives de part et d’autre. D’ailleurs, les sunnites ont boycotté la conférence sur la Réconciliation nationale, organisée les 19 et 20 mars par le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. Hormis tout ce qui précède, le monde est bien meilleur sans Saddam Hussein

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