Cameroun : boycott de l’opposition et lockdown des sécessionnistes s’invitent à la fête nationale

Les deux principales formations politiques de l’opposition et les chefs traditionnels de la région du Sud-Ouest ont annoncé qu’ils ne participeront pas au traditionnel défilé du 20 mai, jour de fête nationale. Les milices sécessionnistes ont également décrété un lockdown durant cette période.

Un défilé de militaires camerounais en janvier 2019 (photo d’illustration). © Compte Facebook officiel du président du Cameroun Paul Biya

Un défilé de militaires camerounais en janvier 2019 (photo d’illustration). © Compte Facebook officiel du président du Cameroun Paul Biya

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 10 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

La scène politique camerounaise demeure tendue à quelques jours des célébrations de la fête nationale du pays, prévue le 20 mai. Après le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, le Social Democratic Front (SDF) de l’opposant historique John Fru Ndi vient d’annoncer qu’il ne prendra pas part aux différentes cérémonies organisées à l’occasion de la fête nationale du pays.

Le motif avancé par les deux principales formations politiques de l’opposition est le même, à savoir la surdité du gouvernement face aux appels au dialogue dans le cadre de la crise anglophone. « Tant que cette guerre et cette insécurité prévalent, le SDF ne peut pas participer aux célébrations marquant la fête nationale, et ce sur l’étendue du territoire », a souligné Joshua Osih, premier vice-président national du SDF, dans un communiqué rendu public le 8 mai dernier.

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Une déclaration qui rejoint celle du secrétaire général adjoint du MRC, tenue une semaine plus tôt. Dans un courrier adressé aux responsables régionaux de son parti, Justin Roger Noah affirmait ainsi que le MRC « ne peut pas célébrer lorsque des Camerounais sont tués, pendant que le gouvernement fait la sourde oreille ».

Perturbations en zone anglophone

En zone anglophone, les milices sécessionnistes ont une nouvelle fois appelé au boycott des célébrations du 20 mai. Pour s’en assurer, deux jours de lockdown sont annoncés pour les 19 et 20 mai.

>>> À LIRE – Crise anglophone au Cameroun : qui sont les sécessionnistes ?

Avisées, les autorités administratives ont entrepris des démarches pour y remédier. À Buea, le gouverneur de la région du Sud-Ouest a notamment instruit à l’ensemble des chefs traditionnels de la région de prendre part au défilé. « Chaque chef tiendra une pancarte indiquant le nom de son village, et il sera suivi de sa population, leur a lancé Bernard Okalia Bilai. Ceux qui ne le feront pas verront les conséquences de leur désobéissance dans moins de 30 jours », a-t-il précisé.

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Des propos qui ont très vite suscité le courroux des populations et des différents chefs, qui ont tenu à le faire savoir. Le 5 mai dernier, les chefs traditionnels ont ainsi battu le pavé dans la ville afin de dénoncer ce qu’ils considèrent comme une « mesure irrespectueuse ». « Les populations [du département] du Fako ne cessent de nous poser des questions. On se demande si nous avons des problèmes avec le gouvernement. Ce n’est pas au gouverneur de nous dire quand nous devons marcher. Nous le respectons, qu’il fasse pareillement », s’est défendu le chef du village Bwassa, Ewome Eko John, joint par Jeune Afrique.

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Appels à l’apaisement

Dans ce climat de tension, le président de la République multiplie les appels au calme. Depuis le 22 avril dernier, Paul Biya s’est lancé dans une série de publications qu’il adresse quotidiennement à travers ses comptes sur les réseaux sociaux. Des appels au patriotisme et à la promotion du vivre ensemble pour la plupart.

Mais la tolérance prônée par le président Biya peine à trouver un écho favorable au sein même du camp présidentiel, où le boycott annoncé par les partis d’opposition n’émeut point. C’est le cas notamment de l’avocat Emmanuel Pensy, qui estime qu’ « un bon défilé du 20 mai se passe toujours sans les perturbateurs comme le SDF, le MRC et d’autres micros partis ». Leur absence ? « C’est tant mieux », conclut-il.

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