Haro sur les cigarettiers
Quarante milliards de dollars : c’est le montant des dédommagements que le Nigeria réclame à British American Tobacco (BAT), Philip Morris International et International Tobacco Limited dans le cadre d’un procès ouvert le 17 mars à Abuja. C’est aussi plus du double du budget 2008 de l’État fédéral et l’équivalent des réserves en devises accumulées par la Banque centrale en 2006.
Tout a commencé le 25 juillet dernier. Ce jour-là, le gouvernement porte plainte contre les trois fabricants de tabac, les accusant de « prendre les jeunes gens pour cible et de dissimuler la nature dangereuse de la cigarette depuis plusieurs années », selon les termes employés à l’époque par l’avocat du ministère public, cité par l’Agence France Presse (AFP). Les autorités espèrent mettre ainsi un terme à la promotion, à la distribution et à la vente des cigarettes – qui peut se faire à l’unité – aux mineurs. Représentant 50 % de la population, soit 70 millions d’habitants, les moins de 18 ans constituent au Nigeria un immense marché pour les cigarettiers. Et, en Afrique, ils peuvent profiter du vide législatif et combler ainsi le manque à gagner entraîné par le durcissement des lois antitabac en Europe et aux États-Unis.
Compte tenu du degré de corruption et des défaillances structurelles de l’État fédéral, il n’est toutefois pas certain que les éventuelles indemnités versées par les accusées iront vraiment aux victimes.
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