Désordre dans la maison Mugabe

Les ambitions de Simba Makoni, candidat à la présidentielle du 29 mars, révèlent l’ampleur du malaise qui règne au sein du parti au pouvoir.

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

La candidature de Simba Makoni, qui défiera le chef de l’État, Robert Mugabe, dans la course à la présidentielle du 29 mars prochain, est révélatrice des fissures qui se font jour au sein du parti au pouvoir, la Zanu-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique). Pour certains, l’entrée en lice de l’ex-ministre des Finances présage déjà la fin de l’autorité de « Comrade Bob », 84 ans, à la tête du pays depuis 1980. Pour d’autres, c’est plus l’issue des législatives – qui auront lieu le même jour que la présidentielle qui déterminera la suite des événements.
De fait, Makoni manque d’atouts. Il n’est pas connu hors des grandes villes. Depuis son expulsion de la ?Zanu-PF, il ne dispose, en outre, d’aucune machine électorale pour mener campagne. Mais, ce qui lui fait le plus défaut, ce sont les leviers du pouvoir avec lesquels Mugabe joue habilement. Le chef de l’État vient en effet de multiplier par cinq le salaire des officiers de l’armée nationale. Par ailleurs, Harare contrôle la distribution des denrées alimentaires de base, tel le pain, que l’on trouve plus facilement, dit-on, dans les régions pro-Mugabe ?que dans celles proches de l’opposition.
Makoni peut toutefois compter sur le soutien public de Dumiso Dabengwa, poids lourd du parti au pouvoir et ancien chef des services secrets. Ainsi que sur celui, plus discret, de l’un des faiseurs de rois du pays, l’ancien général Solomon Mujuru, mari de la vice-présidente, Joyce Mujuru. Avant que Makoni ne se lance officiellement dans la course à la magistrature suprême, les seuls qui se disputaient réellement le pouvoir étaient Mujuru et Emmerson Mnangagwa, l’ex-ministre de la Sécurité et directeur de campagne de Mugabe. Pour nombre d’observateurs, la candidature du dissident de la Zanu-PF n’est en fait qu’un leurre destiné à affaiblir Mnangagwa.
Mujuru sait trop bien que si Mugabe n’obtient pas un excellent score à la présidentielle, son chef de campagne devra rendre des comptes. Et, pour l’heure, rien n’indique qu’il parvienne à remplir sa mission : l’économie est en chute libre depuis des années, le taux d’inflation a atteint, selon le Fonds monétaire international (FMI), 150 000 % en janvier et les populations rurales, plutôt fidèles à Mugabe, commencent à montrer des signes de lassitude. De son côté, le principal parti d’opposition, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), devrait faire une percée aux législatives. Et ce sera précisément dans l’Hémicycle que les choses deviendront intéressantes : « Parmi les parlementaires de la Zanu-PF, il y en a qui soutiennent Makoni mezza voce, explique un spécialiste du Zimbabwe. Dans un an ou deux, une fois que le débat sur la succession sera ouvert, ils essaieront, avec l’aide du MDC, d’empêcher Mugabe d’installer Mnangagwa à sa place. »

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