Les otages libérés au Burkina Faso accueillis par Emmanuel Macron

Les deux otages français libérés par les forces spéciales dans le nord du Burkina Faso, au prix de la mort de deux militaires, ont été accueillis samedi par le président Emmanuel Macron.

Patrick Picque, à gauche, et Laurent Lassimouillas, à droite, accueillis par le président Emmanuel Macron à l’aéroport de Villacoublay © Francois Guillot/AP/SIPA

Patrick Picque, à gauche, et Laurent Lassimouillas, à droite, accueillis par le président Emmanuel Macron à l’aéroport de Villacoublay © Francois Guillot/AP/SIPA

Publié le 11 mai 2019 Lecture : 4 minutes.

Le président de la République les a salués brièvement, de même que l’ex-otage sud-coréenne libérée en même temps qu’eux, au pied de la passerelle d’un Falcon de l’Armée de l’air qui venait de se poser sur la base aérienne de Villacoublay, au sud de Paris.

Le chef de l’État s’est ensuite entretenu quelques minutes hors-caméras avec les otages et leurs familles, avant de s’éclipser.

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« Le devoir de l’État c’est d’assurer la sécurité des Français, où qu’ils se trouvent, y compris dans des conditions extrêmes à l’étranger », a insisté le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, avant d’exprimer « une pensée émue pour Sophie Pétronin », Française détenue en otage au Mali depuis trois ans et demi.

Recommandations de l’État

« Tant que des citoyens français seront menacés et que nous recevrons la décision d’aller les chercher, nous irons les chercher », a affirmé le vice-amiral Laurent Isnard, chef du commandement des opérations spéciales. « C’est notre métier, c’est notre mission et nous continuerons à la faire. Il n’y a aucun doute là-dessus (…) nous sommes prêts à recommencer dès demain matin », a-t-il insisté dans une interview au JDD.

Le maire LR de Toulon – chef-lieu du département où étaient basés les militaires tués -, Hubert Falco, a dit samedi refuser de « cautionner l’accueil solennel envisagé » pour les ex-otages, qu’il a qualifiés de « touristes inconscients ».

« Certainement aurions-nous dû prendre davantage en compte les recommandations de l’État et la complexité de l’Afrique, et éviter de nous rendre dans cette magnifique région du monde qui malheureusement bascule dans l’instabilité », a affirmé de son côté Laurent Lassimouillas, l’un des ex-otages.

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« Loin de tout cet enfer »

Patrick Picque et Laurent Lassimouillas avaient été enlevés le 1er mai pendant un séjour touristique au Bénin, pays jusque-là épargné par l’insécurité en Afrique de l’Ouest. Ils ont été libérés en même temps qu’une Sud-Coréenne et une Américaine qui étaient, elles, captives depuis 28 jours.

« Toutes nos pensées vont aux familles des soldats et aux soldats qui ont perdu la vie pour nous libérer de cet enfer. On voulait présenter nos condoléances tout de suite », a déclaré Laurent Lassimouillas, samedi matin au Palais présidentiel de Ouagadougou où les otages français sont arrivés, accompagnés de l’otage coréenne.

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« On voulait remercier les autorités françaises et celles du Burkina d’avoir participé à notre libération pour que nous soyons loin de tout cet enfer que nous avons vécu », a-t-il ajouté devant la presse, visiblement fatigué et éprouvé. Il a également déclaré avoir « une pensée » pour leur « chauffeur-guide béninois » tué avant leur enlèvement au Bénin le 1er mai, dans une courte déclaration.

Hommage national

Un hommage national sera rendu mardi à Paris aux deux militaires français qui ont été tués au cours de cette intervention « d’une très grande complexité », selon les mots de la ministre des Armées Florence Parly.

Membres du commando Hubert, unité d’élite de la Marine française, le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello ont été salués comme des « héros » par l’ensemble de la classe politique française.

« Ils ont donné leur vie pour en libérer d’autres », a écrit Emmanuel Macron sur Twitter. « Portons nos pensées vers leurs familles et frères d’armes ».

« Tués à très courte distance »

Selon le récit du chef d’état-major français, le général François Lecointre, « les commandos des forces spéciales se sont infiltrés dans la nuit noire sur une distance de 200 mètres, malgré la présence d’une sentinelle », avant d’être finalement repérés à dix mètres des abris des ravisseurs.

Les commandos décident alors de monter à l’assaut sans ouvrir le feu, pour ne pas provoquer de pertes chez les otages. Les militaires Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello « sont tués à très courte distance ». En face, quatre ravisseurs périssent.

Cette opération a été « rendue possible par la mobilisation des moyens de (la force antijihadiste française au Sahel) Barkhane, le soutien logistique des forces burkinabè et le soutien américain en renseignement », a précisé le général.

Le corps du guide béninois des deux touristes avait été découvert le 4 mai dans le parc national de la Pendjari où ils effectuaient un safari.

Quant aux deux autres otages libérées, une Américaine et une Sud-Coréenne, « personne n’avait connaissance de leur présence » au Burkina, a affirmé le général Lecointre. « A priori elles étaient otages depuis 28 jours », a-t-il précisé.

L’identité des preneurs d’otages inconnue

Les autorités françaises suivaient l’évolution des ravisseurs depuis plusieurs jours et ont saisi l’opportunité d’agir en raison du risque « de transfèrement de ces otages à une autre organisation terroriste qui agit au Mali (…) la Katiba Macina » du prédicateur Amadou Koufa, ce qui aurait dès lors « rendu impossible d’organiser une quelconque opération de libération », a-t-il détaillé.

L’identité des preneurs d’otages est encore inconnue.

« Ce que l’on peut dire c’est qu’il y a deux mouvements terroristes principaux qui opèrent dans cette zone et qui sont affiliés pour l’un à Al Qaïda, pour l’autre à l’EIGS (État islamique au Grand Sahara) », a seulement déclaré Mme Parly.

Les attaques jihadistes, concentrées initialement dans le nord du Mali, se sont étendues vers le centre du pays puis vers le Burkina Faso et menacent désormais les pays côtiers du Golfe de Guinée, jusque-là épargnés.

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