Courrier des lecteurs

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 5 minutes.

En route pour ?le sommet
– Pendant plusieurs mois, un slogan nous a été martelé : « En route pour le sommet ». Mais voulait-on parler du sommet de l’OCI en tant que réunion des États membres, du sommet de l’État et du président sénégalais (à qui les travaux ont été confiés), ou encore du sommet comme point culminant du développement de notre cher Sénégal ? S’il s’agit du sommet de l’OCI, il vient d’être atteint avec son lot de désagréments pour les populations et de paralysie pour l’activité économique et académique (mais il paraît qu’il y a une contrepartie). S’il s’agit du sommet de l’État pour « la génération du concret », la machine est à l’évidence bien en marche Mais s’il s’agit du sommet dans la marche vers la prospérité, le pays n’a pas suivi. En plus du prix des denrées qui flambe et d’une pauvreté grandissante qui a des airs de famine cachée mais réelle, surtout en milieu rural, le pays en est à son énième report d’élections sous l’ère Wade. De ce fait, la seule certitude que j’ai en matière de « sommet atteint » est au sujet d’Abdoulaye Wade qui, lui, est au sommet de son art de politicien.
Bassirou Goumbala, Dakar, Sénégal
Homosexualité ? Parlons-en…
– Marwane Ben Yahmed écrit dans son éditorial du J.A. n° 2457 (p. 6) que « l’homosexualité n’est pas une maladie ni une honte ». Permettez-moi de lui poser une question sans rancune ni mépris, juste pour enrichir le dialogue. M. Ben Yahmed, dites-vous cela en toute conscience ou par sympathie et par compassion envers les homosexuels, ou encore pour faire bonne figure et être dans l’air du temps des « droits-de-l’hommistes » ? L’homosexualité est soit une maladie innée d’origine hormonale, soit une perversion acquise, tous les médecins honnêtes vous le diront. On peut la soigner. De fait, il n’y a pas un seul homosexuel qui ne souffre de son orientation sexuelle et ne cherche à s’en échapper. En niant leur maladie, vous ne les aidez pas à se faire diagnostiquer ni à guérir.
Riadh Hmima, Bizerte, Tunisie

Réponse : Vous êtes évidemment libre de vos opinions et il ne m’appartient pas de les juger. Non, l’homosexualité n’est pas une maladie. Et il ne s’agit pas là d’exprimer une quelconque compassion ou d’adopter une posture « dans l’air du temps », qui ne s’applique, hélas, pas au continent africain. Il me semble que vous confondez la difficulté éprouvée par les homosexuels à s’assumer comme tels au sein de leur société – ce qui peut expliquer leur souffrance, leur besoin de se cacher ou même de nier leur homosexualité – avec le fait qu’ils puissent considérer leur homosexualité comme une maladie, ce qui les amènerait à vouloir « s’en échapper ». Je ne souhaite donc pas les aider à se faire « soigner » mais essaie de susciter un débat qui me semble important sur la notion de tolérance – laquelle doit être partagée, j’en conviens – et de respect des libertés d’autrui. L’homosexualité est une réalité, parlons-en…
M.B.Y.
Moussa Kaka : laissez la justice travailler !
– Ce n’est pas aux journalistes de décider si quelqu’un est innocent ou non : c’est le travail de la justice. Nous sommes dans un État de droit et je considère toute la campagne que fait une certaine presse autour de l’affaire Moussa Kaka comme une insulte faite à notre justice. Moussa Kaka a été arrêté non pas à cause de ses contacts mais de ce qu’il a dit aux rebelles. Souhaitons simplement qu’il bénéficie d’un procès équitable. Si l’on n’arrive pas à prouver sa culpabilité, alors nous lutterons tous pour sa libération.
Marou Boubacar, étudiant à Niamey, Niger

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L’islam, les femmes et la laïcité
– J’ai lu avec grand intérêt l’article de Fawzia Zouari sur la Tunisie « Pourquoi les laïcs ont peur » (J.A. n° 2456, pp. 42-45), ce qui m’amène à faire les remarques suivantes :
1) La femme est beaucoup plus jolie sur la photo où elle est présentée en voile.
2) Comment peut-on parler de régression quand un peuple est en train de se réconcilier avec lui-même en rejetant une culture qu’on lui a imposée à coups de lois ?
Tout musulman sincère ne peut que se féliciter de ce qui se passe en Tunisie et souhaiter que s’établisse dans ce pays et même ailleurs «un État de croyants». Les musulmanes qui portent le voile le font par conviction, il ne s’agit nullement d’une contrainte.
Maimouna Talfi, Niamey, Niger
Précision
– Suite au portrait qui lui a été consacré (J.A. n° 2457, pp. 80-81), Ali Haddad, PDG du groupe de BTP algérien ETRHB Haddad, nous apporte la précision suivante :
« Voulant récuser le préjugé selon lequel le Groupe ETRHB aurait bénéficié de l’appui de personnes influentes, à aucun moment de l’entretien je n’ai évoqué le nom d’une quelconque personnalité, politique ou autre, notamment son Excellence Monsieur le Président de la République. »
Ali Haddad, PDG du Groupe ETRHB Haddad

To boycott… or not to boycott ?
– Faut-il boycotter Israël ? demandez-vous dans le J.A. n° 2461 (p. 82). Ma réponse est non ! Parce qu’en matière de culture et de littérature, boycotter ne peut être assimilé à un acte de courage et de bravoure. Pourquoi laisser la possibilité à Israël de se poser encore en victime ? Le bon sens est de dialoguer avec les écrivains israéliens pour dénoncer davantage la politique colonialiste et ségrégationniste de leur pays. De nombreux intellectuels israéliens, tels le cinéaste Amos Gitaï ou l’écrivain et réalisateur Etgar Keret, défendent la paix avec les pays arabes. Boycotter le Salon du livre de Paris nous fera perdre des sympathisants au sein des élites israéliennes. En tout cas, merci à J.A. d’avoir ouvert le débat.
Kalid Himma, Mahrès, Tunisie
Princesse Rama
– J’adore J.A., mais une chose me choque : l’acharnement de François Soudan contre Rama Yade. Votre dernière livraison (J.A. n° 2462, p. 14) en est la parfaite illustration. Dans son billet sur la « princesse Rama » (qui fait la couverture du premier numéro de Première Dame), F.S. écrit que « l’interview sert de prétexte à une mise en valeur des portraits de la secrétaire d’État aux Affaires étrangères, totalement relookée pour l’occasion ». Où est le mal ? La première attaque de J.A. lui reprochait de n’avoir pas voulu recevoir Denis Sassou Nguesso, président du Congo, alors qu’elle est allée, avec Sarko, serrer la main de Kadhafi. La deuxième fois, Rama Yade était critiquée pour avoir soutenu à la télé Ayaan Hirsi Ali, musulmane d’origine somalienne et militante des droits de la femme, menacée par des intégristes musulmans. Que doit-elle donc faire pour paraître « potable » à vos yeux ?
Abdoulaye Ndiaye, Les Mureaux, France

Réponse : Rassurez-vous, ni J.A. ni moi-même n’avons rien, a priori, contre Rama Yade, dont nous avions à l’époque salué comme il convient la nomination. Et sans doute avez-vous oublié, dans votre énumération, que nous en avions fait la « Femme de la semaine » – portrait à l’appui – de notre n° 2443 du 4 novembre 2007. Reste que J.A. n’a jamais donné, pour les éloges comme pour les critiques, dans la discrimination positive et que nous jugeons un responsable gouvernemental à l’aune de ce qu’il fait (et dit), non de ce qu’il est. Je crois d’ailleurs savoir que Rama Yade ne demande rien d’autre – ce qui est tout à son honneur.
F.S.

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