Baloji, âme blessée

Hôtel Impala, le premier album solo du Belge d’origine congolaise mêle rap, afrobeat et funk. Une réussite.

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Les mots de Baloji claquent à l’oreille, pleins de rage. Ils portent la violence d’un souffre-douleur révolté, traduisent le spleen d’un déraciné qui veut guérir d’un passé en zigzag. Il a choisi la cadence des mots pour expier ses fautes et dénoncer les maux qui nous rongent. Résultat : Hôtel Impala, son premier album en solo. En dix-sept titres, Baloji navigue entre rap, slam et chant. Avec une touche personnelle : la qualité de la musique qui porte ses textes, mélange d’afrobeat, façon Fela Anikulapo Kuti, de funk, de soul, avec un hommage à Marvin Gaye, de reggae et de sonorités congolaises. Le tout dans une symbiose de cordes, de percussions, d’instruments à vent.

Baloji est né en 1978 à Lubumbashi, capitale de la province du Shaba à l’époque (aujourd’hui Katanga). À 4 ans, son père l’emmène en Belgique. Sans sa mère, cette nouvelle vie l’écrase. L’enfance est difficile. L’adolescence aussi. Seul refuge, peut-être facile : le hip-hop. Il fourbit ses premières armes au sein du groupe Malfrats linguistiques, le futur Starflam. Mais il connaît des hauts et des bas, passe trois ans sans titre de séjour, avant d’acquérir la nationalité belge.

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En 2003, il rompt avec ses camarades de Starflam. Le vague à l’âme, il délaisse quelque peu son rêve musical. Il reprend confiance deux ans plus tard quand il reçoit, en France, un prix de poésie à l’occasion d’un concours organisé par le centre Georges-Pompidou. C’est le (re)déclic et la volonté de voler de ses propres ailes. Un projet naît : la réalisation d’Hôtel Impala, en souvenir de l’établissement dont son père était propriétaire à Kolwezi, l’une des principales villes minières du Katanga, et auquel il associe des professionnels reconnus, tel Amp Fidler.

Baloji est une âme déchirée, souffrant de ne point connaître sa langue maternelle, le tshiluba, parlée au Kasaï (centre de la RD Congo). Mais il connaît l’histoire des siens : il évoque l’épuration ethnique organisée au Katanga dans les années 1990 à l’encontre des Kasaïens, obligés de rentrer « chez eux ».

Restant dans le registre politique, il n’est pas indifférent au sort de son pays d’origine, et chante dans « Tout ceci ne vous rendra pas le Congo » : « Le Congo est un terrain de stratego/Pour ces pays voisins devenus rivaux/Dans le pillage de ses minéraux, de ses lingots/Et ça dégringole, le pays est sous contrôle/Et c’est pire qu’au temps de Léopold/Entre la loi de la jungle et celle des protocoles. » Un rebelle est sans doute né.

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