Vraie crainte et fausse rumeur

Jean-Pierre Bemba a été donné pour mort le 19 mars. Une « nouvelle » qui en dit long sur le climat politique avant la période de transition.

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

«Jean-Pierre Bemba est-il toujours vivant ? » Le 19 mars au matin, la rumeur voulait que le président du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) ait été assassiné dans son quartier général de Gbadolite, dans la province de l’Équateur, par l’un de ses gardes du corps. La nouvelle, diffusée par des médias bruxellois et relayée par Internet, s’est répandue comme une traînée de poudre, pour finalement se révéler infondée. « Je suis en pleine forme », nous confirmait par téléphone satellite le leader rebelle, peu de temps après l’annonce de sa mort. Quelques heures plus tard, c’était au tour d’Olivier Kamitatu, secrétaire général du MLC, de se fendre d’un démenti aussi poétique qu’ironique : « La diffusion malencontreuse d’un communiqué de l’agence Belga relatant la disparition inopinée du président du MLC a soulevé une vague de réactions. Bien entendu, rien n’est plus faux. Jean-Pierre Bemba se porte bien, et la ville de Gbadolite est toujours aussi calme. Elle baigne dans son habituelle quiétude, qui confine, pour ceux qui la connaissent, à une délicieuse torpeur… »
Cette rumeur révèle la grande nervosité dans laquelle se déroulent les tractations pour mettre en oeuvre la période de transition avec les différentes forces politiques congolaises. Avant d’être infirmée, l’information n’a pas manqué de causer une certaine agitation dans les rangs du gouvernement comme dans les milieux diplomatiques de Kinshasa.
« Bien que cette nouvelle soit fausse, elle va certainement accroître la crainte que Bemba a toujours de venir à Kinshasa afin de collaborer avec les autres belligérants au processus de paix », estime un exégète de la crise congolaise. Les pourparlers laborieux sur le problème de la sécurité ont déjà obligé le facilitateur du Dialogue inter-congolais, Sir Ketumile Masire, à demander le report au 2 avril de la session finale, initialement prévue le 25 mars en Afrique du Sud. Cette grand-messe est censée donner le coup d’envoi de la transition politique, et conduire les différents leaders congolais à siéger au sein du même gouvernement. Jean-Pierre Bemba, qui est déjà assuré de disposer d’un poste de vice-président de la République, acceptera-t-il de quitter son fief pour Kinshasa ? En janvier dernier, le président du MLC laissait déjà planer le doute : « Si Laurent-Désiré Kabila lui-même n’a pu être protégé par ses hommes, comment le serais-je moi-même ? »

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