Un islam moderne, c’est possible

Publié le 25 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Comme on l’a noté ici à plusieurs reprise, l’islam se vend bien en librairie. Mais une actualité tragique dominée par les différentes manifestations de l’intégrisme obscurantiste ne doit pas occulter un autre mouvement de pensée, tourné, lui, vers le progrès et la rénovation de la pensée islamique. Un mouvement qui se concrétise par une riche production éditoriale. L’essayiste Guy Sorman, qu’on n’attendait pas sur ce terrain, avait donné le ton avec Les Enfants de Rifaa (Fayard, 376 pp., 20 euros), du nom d’un jeune imam égyptien envoyé en France au début du XIXe siècle par Mohamed Ali pour « découvrir les secrets de la supériorité technique et scientifique de l’Occident ». À l’issue d’une enquête dans douze pays musulmans, Guy Sorman conclut que la synthèse entre islam et progrès est possible.
Pourquoi les musulmans ont-ils du mal à adopter une démarche critique à l’égard du Coran ? La violence est-elle consubstantielle à leur religion ? Celle-ci est-elle compatible avec la laïcité ? Ce sont quelques-unes des interrogations auxquelles essaie de répondre l’universitaire français Bruno Étienne dans Islam. Les questions qui fâchent (Bayard, 130 pp., 15 euros). On retrouve une démarche comparable dans la dernière livraison de la revue Pouvoirs (n° 104, Presses universitaires de France, 208 pp., 15 euros), intitulée, tout simplement, « Islam et démocratie ». Parmi la dizaine de contributeurs, les Français Olivier Roy et Rémy Leveau, le Libanais Ahmad Beydoun, le Tunisien Slim Laghmani, le Suisse Tariq Ramadan, le Marocain Abdou Filali-Ansary. Ce dernier, aujourd’hui chercheur à Londres, est l’auteur d’un autre ouvrage au titre ambitieux : Réformer l’islam ? (La Découverte, 288 pp., 21 euros). Les questions tournent ici aussi autour de la démocratie, de la laïcité, de la charia, des droits de l’homme. L’originalité tient à la construction de l’ouvrage : pour chaque question, Abdou Filali-Ansary synthétise l’apport d’auteurs majeurs tels Ali Abderraziq, Jacques Berque, Ernest Gellner, Mohamed Talbi ou encore Abdelmajid Charfi. Inutile de dire que l’ensemble débouche sur une vision optimiste des capacités d’évolution de l’islam, passant notamment par une séparation du religieux et du politique.

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