Une piètre image de l’Amérique

L’ancien président Jimmy Carter n’est pas le seul homme politique américain (voir J.A.I.n° 2101) qui ait su raison garder. Robert Byrd, 86 ans, sénateur de la Virginie occidentale, ancien président du groupe démocrate et de la commission des finances, s’o

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 3 minutes.

Ce pays est sur le point de s’embarquer
dans la première application d’une doctrine révolutionnaire mise en uvre d’une manière spectaculaire à un moment particulièrement malheureux. La doctrine de l’action préventive est une complète distorsion de l’idée traditionnelle de légitime défense. Elle paraît être en infraction avec le droit international et la Charte des Nations unies. Et elle est mise en pratique en un temps sévit le terrorisme mondial,
de sorte que de nombreux pays sur le globe se demandent s’ils seront bientôt sur notre liste noire ou sur celle d’un autre pays. []
De grandes fêlures apparaissent dans nos alliances traditionnelles, et les intentions américaines sont brusquement l’objet de spéculations mondiales du plus mauvais effet. Un antiaméricanisme fondé sur la méfiance, la « mésinformation », le soupçon et des propos alarmants de dirigeants américains brise la solide alliance mondiale contre le terrorisme qui s’était constituée après le 11 septembre.
Cette administration, au pouvoir depuis un peu plus de deux ans, doit être jugée sur son bilan. Je pense que ce bilan est catastrophique.

En un peu plus de deux ans, cette administration a gaspillé un excédent budgétaire évalué à 5 600 milliards de dollars pour la décennie à venir et nous a enfoncés dans des déficits budgétaires à perte de vue. […]
Dans le domaine de la politique étrangère, cette administration a été incapable de trouver Oussama Ben Laden. Qui continue à haranguer ses troupes et à les pousser au meurtre. Cette administration a brisé nos alliances traditionnelles, et peut-être réduit définitivement à l’impuissance des institutions chargées du maintien de l’ordre comme les Nations unies et l’Otan. Cette administration a détruit l’image traditionnelle des États-Unis défenseurs de la paix sur qui l’on peut compter. Elle a transformé l’art patient de la diplomatie en un échange d’insultes et de menaces d’un niveau qui donne une triste idée de l’intelligence et de la sensibilité de nos dirigeants, et qui aura des fâcheuses conséquences dans les années à venir.

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Cette administration n’en a pas fini avec la première guerre contre le terrorisme qu’elle s’embarque déjà dans un autre conflit lourd de périls beaucoup plus grands qu’en Afghanistan. N’avons-nous donc rien dans la tête ? N’avons-nous pas appris qu’après avoir gagné la guerre, il faut aussi gagner la paix ? Et pourtant, l’on n’entend guère parler de l’après-guerre en Irak. En l’absence de projets, l’imagination se donne libre cours à l’étranger. Prendrons-nous possession des gisements pétrolifères irakiens ? Serons-nous la puissance occupante qui fixe les prix et la production du pétrole dans l’avenir prévisible ? À qui prévoyons-nous de confier les rênes du pouvoir après Saddam Hussein ?
Notre guerre soulèvera-t-elle la colère du monde musulman, avec pour contrecoup de violentes attaques contre Israël ? L’État hébreu répliquera-t-il avec son arsenal nucléaire ? Les gouvernements jordanien et saoudien seront-ils renversés par des fanatiques, eux-mêmes encouragés par l’Iran, qui a beaucoup plus de liens avec le terrorisme que l’Irak ?
Une rupture de l’approvisionnement mondial en pétrole risque-t-elle d’entraîner une récession généralisée ? Nos déclarations stupidement belliqueuses et le mépris total que nous témoignons à l’égard des intérêts et de l’opinion des autres pays ont-ils accéléré la course au club nucléaire et fait de la prolifération un commerce encore plus lucratif pour ceux qui ont besoin d’argent ?
On est à la veille de répandre la mort et la terreur dans la population irakienne, une population, soit dit en passant, dont plus de la moitié a moins de 15 ans, et pourtant cette assemblée reste silencieuse. […] On est peut-être à la veille de ce qui pourrait être une redoutable contre-attaque terroriste en réplique à notre attaque contre l’Irak, et pourtant, le Sénat américain s’endort.
Nos sommes vraiment des somnambules de l’Histoire. Au plus profond de mon coeur, je prie pour que ce grand pays et ses citoyens sincères et de bonne foi n’aient pas le plus brutal des réveils.

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