Une « feuille de route » pour la paix

Ce que devraient être les termes et les objectifs de l’accord élaboré par le Quartet (1) pour mettre un terme au conflit.

Publié le 25 février 2003 Lecture : 3 minutes.

Rien ne contribuerait mieux à encourager des changements dans la société palestinienne, tout en incitant les Palestiniens à demander la fin des attentats suicide et autres formes de violence, qu’un processus de paix offrant la promesse crédible d’un authentique État palestinien. Les États-Unis devraient se porter en première ligne pour définir un tel programme. Et l’administration Bush, en particulier, devrait se fixer pour objectif un accord israélo-palestinien conduisant à :
– Deux États indépendants dont les frontières correspondraient approximativement à celles de juin 1967, avec des ajustements territoriaux résultant de vraies négociations et non d’annexions unilatérales. En fait, le « droit au retour » revendiqué par les Palestiniens serait abandonné contre le renoncement d’Israël à ses colonies de peuplement, à l’exception des territoires qui pourraient être échangés par consentement mutuel.
– Des arrangements sur Jérusalem qui permettraient l’établissement de deux entités souveraines, tout en excluant, autant que possible, une division physique de la ville.
– Des mesures de réparation et de justice pour les réfugiés palestiniens, d’une manière qui ne menace pas l’équilibre démographique d’Israël : il s’agirait, autrement dit, d’un « droit au retour » s’appliquant uniquement au nouvel État palestinien, assorti d’un financement international des rapatriements, des réinstallations et des compensations.
– Un système de protection pour les sites considérés comme sacrés par les juifs, les chrétiens et les musulmans.
Des accords portant sur la sécurité intérieure et extérieure.
Tous les efforts déployés jusqu’à présent pour mettre un terme à la violence et engager un processus politique ont échoué parce que chaque partie exigeait que le premier pas fût accompli par l’autre. Pour que cette « feuille de route » ne subisse pas le même sort, les États-Unis et leurs partenaires doivent insister pour que l’Autorité palestinienne s’emploie à 100 % à mettre fin à la violence : une exigence inconditionnelle, indépendante des actions demandées à Israël. Mais ils doivent en même temps insister pour un arrêt inconditionnel du développement des colonies israéliennes (y compris ce qu’on appelle leur croissance naturelle) : ce qui est également indépendant des actions demandées aux Palestiniens. Ce parallélisme ne suggère pas une équivalence morale. Il dérive de la conscience qu’aucune négociation de paix n’est possible si les Palestiniens n’exercent pas 100 % d’efforts pour arrêter le terrorisme et si Israël continue à s’en prendre aux vies et aux biens des Palestiniens.
La « feuille de route » devrait prévoir des critères précis touchant la façon dont Palestiniens et Israéliens s’acquittent de leurs obligations respectives. Elle devrait définir clairement ce que les uns et les autres doivent faire à cette fin. Aucune raison de sécurité nationale ne justifie que les États-Unis diffèrent une telle proposition. Tout au contraire, et il y a d’importantes raisons de sécurité nationale pour tracer, sans autre délai, les grandes lignes de l’accord de paix auquel les États-Unis entendent travailler.
Les pays arabes ainsi qu’une grande partie du monde musulman, tout comme la majorité des pays européens, voient un lien direct entre leur disponibilité à soutenir, sur l’Irak, la politique des États-Unis et l’engagement de l’Amérique en faveur d’un règlement loyal du conflit israélo-palestinien.
Ce qu’on appelle la Phase II de la « feuille de route » visant à créer un État palestinien doté de « frontières provisoires » pourrait bien être une phase de trop, en ce qu’elle risquerait de dissuader les parties d’en arriver à la Phase III, celle d’un règlement définitif des problèmes restés en suspens. Le temps, l’énergie et la volonté politique mobilisés sur le thème des « frontières provisoires » seraient plus utilement consacrés à des négociations sur des frontières permanentes. Le rétablissement d’une véritable coopération sécuritaire prévue à la Phase I, facilité par des équipes internationales de surveillance, permettrait aux parties de passer directement aux conditions d’un accord final.
En résumé, s’ils définissent plus clairement les objectifs de leur « feuille de route », les États-Unis et leurs partenaires peuvent organiser d’éventuelles négociations sur un statut définitif conduisant à une formule de deux États compatible avec les intérêts des deux parties. Cela les associerait aux majorités modérées des deux camps et encouragerait les Palestiniens à engager des changements radicaux dans leurs institutions. Cela faciliterait en même temps une coopération internationale avec les États-Unis dans leur guerre contre le terrorisme, jointe à leurs efforts visant à promouvoir la démocratie dans le monde.

© Dow Jones & Company et J.A./l’intelligent 2003. Tous droits réservés.

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1. États-Unis, Union européenne, Organisation des Nations unies, Russie. 2. Ex-conseillers américains pour la sécurité nationale.

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