Algérie : l’armée a-t-elle pris trop de place dans la transition politique ?

L’ingérence croissante du commandement militaire dans les affaires politiques et judiciaires et dans la conduite de la transition rencontre une forte opposition populaire. Le mouvement de protestation, loin de s’essouffler, réclame régulièrement le départ des responsables mais aussi de l’état-major de l’armée. État des lieux.

Lors d’une manifestation à Alger, le 14 mai 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Lors d’une manifestation à Alger, le 14 mai 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Arianna Poletti

Publié le 16 mai 2019 Lecture : 5 minutes.

« Gaïd Salah dégage », « l’Algérie n’est pas l’Égypte », « contre Bensalah, Bedoui et Gaïd Salah ». Les slogans hostiles au chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) ne manquaient pas, mardi 14 mai, lors de la dernière manifestation des étudiants et des avocats. Malgré les multiples déclarations d’Ahmed Gaïd Salah qui assure marcher à côté du peuple, la rue réclame son départ, en l’identifiant comme pilier du système qu’elle veut balayer. Entre-temps, face au silence consensuel du président par intérim Abdelkader Bensalah, le nouvel homme fort de l’Algérie mène depuis un mois une purge avec l’objectif revendiqué d’« éradiquer la corruption ».

Après les arrestations des plus influents hommes d’affaires du pays, c’était le tour des « complotistes contre l’armée », soit le frère du président déchu Saïd Bouteflika et les deux anciens patrons des services de sécurité, le général Mohamed Mediène (dit Toufik) et Athmane Tartag (dit Bachir). Mais c’est surtout la récente arrestation de l’opposante et secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, accusée elle aussi d’« atteinte aux autorités de l’État », qui a interrogé l’opinion publique. Car cette purge, d’après les échos des manifestations, ressemble plus à un règlement de comptes qu’à une véritable opération « mains propres ».

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