Algérie : Louisa Hanoune admet avoir participé à une « réunion consultative » avec Saïd Bouteflika

La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a avoué avoir pris part à une « réunion consultative » avec Saïd Bouteflika, le frère cadet de l’ex-président, en présence du général Toufik, mais nie toute implication dans le « complot » dont ces derniers sont accusés.

La secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune. © AP/SIPA

La secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune. © AP/SIPA

Arianna Poletti

Publié le 16 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

Une rencontre « d’une heure environ » entre Louisa Hanoune, le frère de l’ex-chef de l’État et le général Mohamed Mediène (dit Toufik) – incarcérés début mai pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’État » – a effectivement eu lieu à la résidence officielle « Dar El Afia » d’Alger ce 27 mars, une semaine avant la chute d’Abdelaziz Bouteflika. C’est ce qu’a confirmé un avocat de la responsable politique, qui a pu la rencontrer pour la première fois depuis son incarcération.

Selon Me Rachid Khane, qui a rendu publique cette information dans un message diffusé sur sa page Facebook, cette « réunion consultative » avait pour objectif pour sa cliente de « donner son avis sur la situation politique, et elle pensait que cette rencontre était officielle avec l’accord de la présidence de la République ».

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« Prisonnière politique »

L’avocat et militant du PT affirme que Louisa Hanoune a participé à cette rencontre pour « accomplir son devoir en tant que cheffe d’un parti agréé » et « députée » autorisée par la Constitution à « représenter le peuple devant les instances officielles ». « Comment expliquer qu’en l’espace d’une heure, elle aurait pu commettre des actes qui sont des accusations graves passibles de la peine de mort ? », s’interroge l’homme de loi.

La justice militaire a retenu quatre chefs d’inculpation, dont ‘complot pour changer le régime’

Selon la même source, Louisa Hanoune se considère comme une « prisonnière politique » et demande sa libération immédiate. « Le seul péché que j’ai commis est d’avoir rempli mes hautes fonctions publiques », aurait-elle affirmé. D’après un communiqué publié par les défenseurs de la responsable politique, la justice militaire a retenu contre elle quatre chefs d’inculpation, dont « complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandant d’une formation militaire » (article 284 du Code de justice militaire) et « complot pour changer le régime » (un acte prévu et puni par l’article 77 du Code pénal).

Son appel examiné le 20 mai

Louisa Hanoune reste donc en prison après avoir été placée sous mandat de dépôt jeudi 9 mai par le tribunal militaire de Blida. La secrétaire générale du parti d’opposition a fait appel de la décision du juge d’instruction. Selon le collectif d’avocats qui s’occupe de sa défense, sa requête sera examinée ce 20 mai. Leur cliente est poursuivie dans le cadre de l’affaire dite « Toufik, Tartag et Saïd Bouteflika ».

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Ces trois piliers du régime Bouteflika – le frère et ancien conseiller de l’ex-président, ainsi que deux anciens patrons des services de renseignement – sont eux-mêmes accusés d’avoir « comploté » contre le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu détrôner, fin mars dernier, le général, tout en relançant un vieux plan : proposer à Liamine Zéroual, en retrait du pouvoir depuis son départ de la présidence en 1999, de diriger l’instance de transition.

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Louisa Hanoune a précisé par le biais de ses avocats avoir « seulement participé à une initiative politique » et n’avoir rien à voir avec cette tentative présumée de « complot ».

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