Qui veut la guerre ?

Opposition massive à un conflit en Irak. La majorité des courriers qui nousparvient est au diapason de la récente mobilisation populaire mondiale.

Publié le 25 février 2003 Lecture : 7 minutes.

Arabe et pacifiste aux États-Unis

Nous voici encore une fois confrontés à la logique guerrière des États-Unis envers l’Irak. De ce côté de l’Atlantique, tous les moyens sont bons pour justifier la volonté de l’administration américaine de déclencher ce conflit armé. L’ignorance et la naïveté de la population américaine constituent l’atout majeur de Bush et de ses faucons. Et les médias – CNN et autres -, un outil rêvé de propagande. En tant qu’Américain et Arabe, je ne peux que déplorer la manière avec laquelle la presse locale dévalorise l’identité arabe, et surtout notre héritage culturel. Un phénomène qui s’est déjà produit, dans ce pays, durant la Seconde Guerre mondiale, envers les Américains d’origine japonaise. J’ose espérer que nous ne finirons pas internés dans des camps ! Au train où vont les choses, cela ne me surprendrait pas ! N.A., États-Unis

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L’Europe : seul espoir pour la paix
Les peuples du monde semblent s’opposer massivement à leurs dirigeants, en Europe, au Proche-Orient, en Afrique ou en Asie, et condamnent cette entreprise américaine diabolique dont le seul leitmotiv est : argent et pouvoir. Au mépris de leurs peuples, les gouvernements arabes alliés des États-Unis (Égypte, Jordanie, Arabie saoudite, Koweït) restent silencieux. Car en fermant les yeux sur cette guerre, en soutenant Bush, ils sont assurés de conserver leur siège… Aux oubliettes la guerre en Tchétchénie, la colonisation de la Palestine, le bombardement des civils afghans sous prétexte d’éradiquer le terrorisme, ces conflits transformés peu à peu en guerres de religion. Blair découvre comme par enchantement l’existence de réseaux terroristes sur son territoire. Des structures traquées par la France et leurs pays d’origines depuis plus de dix ans… En réalité, pour Blair et Bush, tant que les massacres n’étaient pas envisageables dans leurs pays, il ne fallait surtout pas s’en inquiéter. Saddam est un tyran. Tout le monde le sait, mais cela justifie-t-il un bombardement ? Faut-il bombarder tous les pays où règnent des dictateurs ? Israël est, selon moi, un pays surarmé beaucoup plus dangereux que ses voisins. Un pays malheureusement animé par un idéal religieux irréaliste et qui va à l’encontre des droits de l’homme. Il existe actuellement un réel désir d’Europe, une Europe stable, puissante, qui viendra faire contrepoids à un « État voyou » qui ne souhaite qu’une chose : placer le monde sous son hégémonie et au service de ses seuls intérêts. Pas de place pour la culture, la littérature, l’histoire, l’artisanat. Envolée la poésie. L’argent, la Bourse, l’armement, la fiction et l’artificiel en seront les rois. Une mainmise américaine sur l’Irak anéantirait tout espoir de développement des populations de la région. Populations qui devront choisir entre le fanatisme religieux ou la culture MacDo. Faut-il se rendre ? Abdiquer ? Taire l’insupportable ? L’Europe a un grand rôle à jouer ! Nora Robin, France

Pro-Bush, et fier de l’être !
Au risque de choquer ceux qui ne voient dans l’action des États-Unis que désir de représailles sanguinaires et arrogante suprématie, voire du néo-impérialisme, je ne puis qu’expimer ma vive approbation à la fermeté dont le président Bush fait montre. Je soutiendrais même le diable s’il se décide à nous libérer des dictateurs qui nous oppriment. D’ailleurs, les détracteurs de la politique américaine oublient l’aide que cette superpuissance a octroyée aux pays arabes. L’antiaméricanisme aveugle est à bannir de nos esprits. Reconnaissons que nous sommes souvent jaloux de la supériorité américaine aux niveaux économique, culturel et militaire ! Entre l’envie et le mépris, choisissons la voie la plus pragmatique.
NACER KHALDOUNI, Casablanca, Maroc

Logique guerrière implacable
Quand il y a des preuves qu’un pays possède des armes de destruction massive, on négocie avec lui. Quand il n’y en a pas, on le bombarde. Voilà la logique qui caractérise le nouvel ordre mondial, dicté par cinq dinosaures rescapés de la guerre froide (Condoleezza Rice, Paul Wolfowitz, Dick Cheney, Tony Blair, Donald Rumsfeld et George W. Bush). Faut-il en pleurer ou en rire ? Quelle que soit la réponse, on sait dorénavant que la force prime le droit. En témoigne le fait qu’à ce jour aucun membre de la clique n’a proposé d’aller attaquer la Corée du Nord. Et pour cause. C’est l’Irak, affaibli par le terrible embargo américain imposé après sa défaite en 1991, qui subira une pluie de bombes. Tout le monde s’en étonne, sauf les Américains, surpris, pour leur part, de la haine qu’ils inspirent… Hilaire Bouka, Saint-Louis, Sénégal

Tunisie : la face cachée de la médecine
Votre article intitulé « Les patients anglais », paru dans J.A.I. n° 2194, témoigne du haut niveau atteint par les médecins en Tunisie. Permettez-moi d’évoquer ici d’autres facettes du miroir : en Tunisie, les études médicales sont dispensées par quatre facultés de médecine installées à Tunis (la doyenne), à Sfax, Sousse et Monastir. Cette dernière a été créée par Bourguiba, désireux de voir une faculté de médecine honorer sa ville natale. D’autres voix s’élèvent aujourd’hui pour créer une faculté à Kairouan, en hommage à sa qualité de première ville musulmane du Maghreb, et en hommage au médecin-chirurgien Ibn-Al-Jazzar, natif de la cité et témoin de son âge d’or. Le niveau d’études dans ces facultés de médecine est irréprochable. Pour preuve, le nombre croissant d’étudiants étrangers qui viennent en Tunisie. Chaque année, des centaines de diplômés sortent de ces universités. Mais parmi eux, un nombre restreint est autorisé, sur concours, à poursuivre des études et des stages de spécialisation ; un nombre encore plus restreint exerce au sein de la santé publique. La majeure partie de ces jeunes médecins se retrouve sur un marché du travail déjà saturé. Et, c’est là où le bât blesse : nombre d’entre eux sont récupérés gratis par les firmes pharmaceutiques multinationales basées en Tunisie pour travailler comme délégués médicaux ou, plus pompeusement, informateurs thérapeutiques, fonction autrefois occupée par des préparateurs en pharmacie ou par des auxiliaires de santé (infirmiers, aides soignants…). Ces médecins sont une aubaine pour ces multinationales, et le débouché un pis-aller pour les intéressés. Des études longues et énergivores pour finir comme simple délégué médical : cela coûte cher à la société et constitue une bien maigre rétribution du travail et des efforts fournis par ces étudiants. En conclusion, je propose à mon gouvernement : de réduire le nombre de facultés de médecine ou de réduire les candidats annuels aux études médicales ; d’augmenter le nombre de candidats aux études spécialisées ; d’imposer aux firmes pharmaceutiques internationales (dont les chiffres d’affaires s’expriment en milliards de dollars) basées et installées en Tunisie d’attribuer une prime à chaque médecin embauché comme informateur thérapeutique, à l’instar des équipes de football qui achètent un joueur. Les fonds récoltés par le gouvernement (qui a dépensé un argent considérable pour former chacun de ces médecins) serviront à améliorer encore le niveau des études médicales, vu la progression fulgurante de la science et les dépenses en matière de santé (informatisation, matériel de diagnostic et d’investigation, surcoût des services de réanimation). À bon entendeur, salut
Docteur THAMEUR ZOAGUE
Tunis, Tunisie

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Sarkozy n’a rien compris
Du 7 au 9 février, Nicolas Sarkozy, ministre français de l’Interieur, a effectué une visite au Mali. Objectif : prêcher en faveur d’un retour volontaire au bercail des sans-papiers maliens de France. De 3 500 à 7 000 euros : c’est ce que le gouvernement Raffarin leur propose pour rentrer investir dans un projet personnel. Hélas ! cela montre encore combien l’Occident refuse de comprendre le problème de l’immigration clandestine, pourtant si simple à résoudre. Il suffit de poser la question : pourquoi ? Si Sarkozy avait fait le voyage Bamako-Kayes à bord du petit train vert, il aurait vite compris pourquoi les volontaires au retour seront peu nombreux. Pour plus d’un candidat au départ, il vaut mieux être en prison en Europe que d’être libre en Afrique.
Emmanuel BAYOCK
Douala, Cameroun

Un « Plus » pour Haïti ?
J’ai été agréablement surpris de lire, dans la rubrique « Vous et Nous » du J.A.I. n° 2194, la correspondance du docteur Samir Doghri, de Tunisie, vous reprochant de ne pas parler assez d’Haïti et des Dom-tom. En effet, j’ai toujours voulu vous faire cette remarque… Maintenant qu’un lointain confrère tunisien s’est exprimé, j’en profite pour lui emboîter le pas. Malgré ses déboires actuels, Haïti, première République noire indépendante (1er janvier 1804), a un passé, un présent, voire un futur qui, à mon humble avis, mériteraient un petit clin d’oeil dans un journal de l’envergure de J.A.I. Peut-on espérer que, pour le bicentenaire de son indépendance, ce petit « morceau » d’Afrique noire au coeur des Caraïbes sera gratifié d’un « Plus » ?
DR LAURÉ ADRIEN
Port-au-Prince, Haïti

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Ingérence britannique
Je ne suis pas étonné des réactions diverses – notamment britanniques – provoquées par l’invitation de Mugabe au sommet France-Afrique de la semaine dernière. Regardons les choses en face : l’attitude de la Grande-Bretagne n’est dictée que par l’origine des fermiers blancs expropriés. Il s’agit d’une sorte de « solidarité blanche » ! En ce qui me concerne, je me bornerai à rappeler que ces fermiers sont des Zimbabwéens au même titre que le reste de la population. Il s’agit donc d’un problème interne qui ne concerne en aucun cas Tony Blair. Mugabe s’est-il déjà mêlé des problèmes intérieurs de la Grande-Bretagne ?
THÉO M’BAPPE
Strasbourg, France

Le jeu de go de Gbagbo
Le président ivoirien Laurent Gbagbo a désormais toutes les cartes en mains. À lui de faire le jeu. Soit il choisit celui de la guerre en ignorant les accords passés, soit il choisit celui de la paix en temporisant les ardeurs belliqueuses de son entourage et en prenant en compte l’avis de la majorité des Ivoiriens. À savoir : que la Côte d’Ivoire retrouve sa position de pays prospère, de terre d’accueil et de tolérance d’antan. M.K., Belgique

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