Qu’est-ce que le diabète ?

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 4 minutes.

Le diabète est en pleine expansion, dans le monde entier. Le nombre des malades est aujourd’hui d’environ 150 millions, dont 80 millions dans les pays en développement (PED). Si l’épidémie continue de progresser au rythme actuel, il pourrait atteindre 300 millions en 2025.

Le diabète est une maladie de la régulation de l’utilisation du sucre dans l’organisme. Le sucre est un élément indispensable à la vie de nos cellules, donc du cerveau, du coeur, des reins, des muscles, etc. Mais son taux dans le sang doit rester dans des limites bien déterminées : ni trop, ni trop peu. La régulation est assurée par l’insuline produite dans le pancréas. Cette production peut être insuffisante : c’est le diabète de type I, dans lequel le facteur génétique prédomine et s’associe à certains facteurs d’environnement, comme les virus, pour créer la maladie. Le diabète I touche surtout les enfants et les sujets âgés de moins de 30 ans. On l’appelait naguère le « diabète maigre ».
Le diabète le plus fréquent est le type II (ou « diabète gras »), dans lequel la production d’insuline est à peu près normale, mais néanmoins insuffisante en raison de l’augmentation des besoins provoquée par un excès de poids ou un régime alimentaire déséquilibré. Ce diabète II comporte, lui aussi, une prédisposition génétique, mais apparaît le plus souvent après 30 ans. Depuis quelques années, il atteint aussi les adolescents présentant un excédent de poids. C’est ce « diabète gras » qui est surtout en expansion, notamment dans les PED, et dont nous allons parler maintenant.

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Reconnaître la maladie est facile. Arétée de Cappadoce savait déjà le faire, il y a près de deux mille ans : il goûtait l’urine ! Un diabétique boit, mange et urine beaucoup, mais, bien sûr, mieux vaut établir le diagnostic avant le stade avancé de la maladie. Pour cela, il est nécessaire de doser le sucre dans le sang (glycémie) chez tous les sujets suspects, obèses ou appartenant à des familles de diabétiques. Le diabète est confirmé quand, à jeun, le taux de glycémie dépasse 1,26 g/l (ou 2 g/l plus tard dans la journée).
Le diabétique est sous la menace de complications fréquentes, et même constantes si la maladie n’est pas soignée. Il s’agit avant tout de complications artérielles : les artères ont tendance à se boucher, car les diabétiques sont victimes d’un excès de graisses dans le sang (triglycérides, surtout) et développent une hypertension artérielle. On observe ainsi des oblitérations artérielles graves au niveau des membres inférieurs (pouvant conduire à l’amputation), au niveau des artères coronaires du coeur (risque d’infarctus), au niveau du cerveau avec paralysies et pertes de connaissance (accident vasculaire cérébral). L’atteinte du rein est presque constante (avec albumine dans l’urine) et favorise des infections urinaires parfois très graves. Très fréquentes aussi sont les atteintes des nerfs périphériques entraînant des troubles de la sensibilité et des difficultés de mouvements. Les yeux sont souvent touchés au niveau de la rétine (cataracte).
Toutes les infections trouvent chez le diabétique un terrain favorable : « Le diabète, dit-on, augmente l’infection et l’infection augmente le diabète. » D’où des ulcérations perforantes au niveau des pieds, des destructions osseuses, des mycoses, des tuberculoses évolutives… Et bien d’autres infections encore. Enfin, le diabète peut conduire au coma. Celui-ci est d’installation progressive. Son traitement nécessite des injections d’insuline, et donc l’hospitalisation sans délai du malade.

Le diabète est-il une catastrophe ? Non, car on dispose de traitements tellement efficaces qu’un diabétique dépisté tôt, bien traité et bien surveillé vit aussi longtemps qu’un non-diabétique. Hélas ! c’est rarement le cas dans les pays en développement.
Le traitement doit toujours comporter un régime alimentaire soigneusement adapté et une activité physique quotidienne et régulière (qui consomme en partie le sucre en excès). Dans le diabète II, les médicaments les plus fréquemment employés se prennent par voie buccale. Nombreux et très efficaces, ils stimulent la production d’insuline par le pancréas ou facilitent l’utilisation de l’insuline par les cellules. À des stades avancés du diabète II, le malade a besoin d’injections d’insuline qui se font à l’aide d’une seringue ou de pompes fixées à l’abdomen. Dans le diabète I, l’insuline est indispensable dès le début de la maladie et pour toute la vie ; d’où des essais en cours de pompes à régulation automatique et de greffes de pancréas.
Le traitement du diabète fera-t-il appel, un jour, à des plantes africaines ? C’est possible. Des recherches en ce sens ont été entreprises, il y a déjà longtemps, à Dakar. Pour ma part, j’ai expérimenté à Madagascar, avec un certain succès, des noyaux pulvérisés d’un fruit (qu’on faisait acheter pour la cafétéria des étudiants). Cette recette m’avait été transmise par un Indien très riche qui consultait les diabétologues les plus célèbres du monde sans leur dire qu’il se soignait avec ces noyaux… sauf en cas d’urgence !

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