Quand la boue fait des ravages

Les barrages sont faits pour durer des décennies. Mais le manque d’entretien réduit considérablement leur productivité.

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Les barrages sont parmi les ouvrages les plus durables qui existent, les plus anciens datant de la Rome antique. Mais dans certaines régions semi-arides, comme au Maghreb, les pluies sont parfois violentes et entraînent de grandes quantités de terre des montagnes. Les barrages peuvent alors se remplir de boue en quelques dizaines d’années, et être définitivement abandonnés.
Au Maroc, une étude a chiffré les conséquences de l’envasement des barrages, qui représente actuellement presque 10 % de leur volume. Pour 2000, les pertes de production électrique sont estimées à 5 % de la consommation annuelle du Maroc. La situation est tout aussi dramatique pour la fourniture d’eau potable et industrielle, comme pour l’irrigation de surfaces agricoles. Ces chiffres sont à multiplier par cinq d’ici à trente ans. En Algérie, la situation est encore plus sombre : l’ensemble des réservoirs perdrait 2 % à 3 % de ses capacités par an. Même si certains grands barrages ont une durée de vie supérieure à cent cinquante ans, d’autres se remplissent en moins de trente ans. Si le problème est détecté à temps, on peut diminuer l’érosion, en reboisant les montagnes ou en créant des retenues artificielles en amont. Mais une fois que le mal est fait, la solution la plus simple consiste à remonter la hauteur du barrage. Ce n’est pas toujours faisable. On peut aussi désenvaser partiellement l’ouvrage avec des pelleteuses. Toutes ces solutions sont coûteuses. À titre d’exemple, le barrage de Fergoug a perdu, depuis sa reconstruction en 1973, les trois quarts de sa capacité, malgré son désenvasement au début des années quatre-vingt-dix.
Une autre technique pour ralentir l’envasement consiste à prévoir plusieurs vannes dès la construction du barrage. Les pluies en climat méditerranéen sont généralement soudaines et violentes, de courte durée, et produisent des crues. Les violents courants d’eau qui surgissent charrient de grandes quantités de boue. Il est efficace, lors d’une crue, d’intervenir au bon moment, en ouvrant les vannes des barrages, pour laisser s’écouler l’eau lorsqu’elle est le plus chargée en boue. Cette technique dite du soutirage s’est généralisée, mais elle est encore mal employée en Algérie. Le barrage d’Ighil Emda fait exception, et les boues retenues y ont diminué de plus de la moitié depuis que ce procédé est utilisé.
De manière générale, tous les barrages retiennent les boues charriées par le courant, mais de manière très variable. Le barrage d’Assouan, en Égypte, suscite quelques inquiétudes : près d’un tiers de son volume serait déjà rempli d’alluvions. Mais le danger doit être relativisé. Les dernières études prévoient que le barrage devrait pouvoir fournir de l’électricité pour encore plusieurs centaines d’années.

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