Plaidoyer

Publié le 25 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Laissons de côté les a priori et disons les choses comme elles sont ! L’allocution de Jacques Chirac à l’ouverture de la XXIIe conférence des chefs d’État d’Afrique et de France est de bonne cuvée. Ce fut une admirable profession de foi, un discours qui n’a sans doute pas laissé de marbre les (derniers) afro-optimistes, un état des lieux lucide des relations ambiguës entre une grande puissance et ses anciennes colonies, un véritable plaidoyer pour notre continent.
Que nous dit donc celui qui a réussi à faire mieux que les organisateurs de conclaves panafricains en réunissant, deux jours durant par un froid glacial à Paris, la quasi-totalité des têtes couronnées de chez nous ? Quelques vérités d’évidence, mais qui valent, dans la bouche d’un homme persuadé, il n’y a pas longtemps encore, que « l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie », leur pesant d’or. « L’Afrique occupe dans le monde une place singulière, affirme d’emblée Chirac. Par ses cultures millénaires pétries d’influences mêlées, elle est riche d’une expérience humaine à peu d’autres semblable. Ayant surmonté les épreuves immenses qui lui furent imposées, elle recèle de puissantes sagesses. Elle a été envahie, pillée et malmenée, mais elle a résisté. Elle a reconquis son indépendance et affirmé sa dignité dans le concert des nations. »
Plus loin : « Le monde se félicite de l’engagement des dirigeants africains en faveur des principes qui fondent la tranquillité et la prospérité des peuples : démocratie, bonne gestion des affaires publiques, ouverture économique, respect des souverainetés. […] Les Français savent ce qu’ils doivent à l’Afrique, qui s’est si souvent trouvée à leurs côtés, dans le camp de la liberté contre le totalitarisme. Ils savent aussi tout ce qu’elle apporte à la France : le soutien, la confiance, la solidarité, des liens intimes entre nos peuples. Dans une société internationale si sensible aux rapports de force, travaillons à ce que nos influences se conjuguent davantage au service des grandes causes. »
Après avoir rappelé que le Nepad – une idée venue du continent – était l’expression d’une nouvelle Afrique en voie d’émergence, il a déploré la multiplication des crises et la contagion à des pays jusque-là épargnés.
Pour terminer, je vous livre cet extrait, diversement interprété, mais dont il serait inexact, pour ne pas dire naïf, de croire qu’il s’adresse à la seule Côte d’Ivoire : « Face aux maux endémiques tels que le trafic d’armes, le commerce illicite, le pillage des ressources ou les rébellions menées par des aventuriers, il faut organiser la riposte en s’appuyant sur des principes clairs et reconnus. Le premier d’entre eux est la condamnation sans faiblesse de toutes les formes de prise illégale du pouvoir. […] Y déroger serait nier toute valeur aux dispositions fondamentales fixant la règle du jeu démocratique. […] Le dialogue politique désarme la violence alors que la riposte l’exacerbe. D’où qu’elle vienne, la violence doit être dénoncée. Leurs auteurs ont désormais à craindre d’être sanctionnés par la Cour pénale internationale, qui étend sa protection à tous les citoyens du monde. Il est fini le temps de l’impunité, le temps où l’on justifiait la force. Doit venir maintenant celui où l’on fortifie la justice. »
On peut juste espérer qu’il ne s’agit pas d’un sacrifice rituel à l’air du temps.

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