Maghreb : ramadan, une période toujours plus bénéfique pour le secteur télévisuel national
En Algérie, au Maroc et en Tunisie, le public a accès à un très large catalogue de productions étrangères. Ramadan est cependant une période importante sur laquelle les producteurs nationaux parient… et triomphent, enregistrant toujours de meilleurs scores.
Comme tous les ans, ramadan représente la période la plus bénéfique pour les chaînes de télévision nationales au Maghreb. Des feuilletons, des sitcoms et des caméra cachées qui accompagnent les spectateurs lors de leurs soirées ramadanesques.
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C’est aussi la période des guerres d’audimat entre chaînes privées et publiques, en concurrence pour acquérir le plus grand nombre d’audience et donc, de recettes publicitaires. Au Maroc, comme en Algérie et en Tunisie, les plus grands gagnants restent les chaînes nationales privées.
80 % de productions nationales au Maroc
La chaîne marocaine 2M ne cache pas sa joie : la quatrième saison de son émission de caméra cachée Mchiti Fiha (« Tu es pris au piège » en français) a rassemblé plus de 12 millions de téléspectateurs, soit plus de 74 % de parts d’audience, le vendredi 10 mai. Cette émission, aux ficelles bien épaisses, avait déjà cartonné lors du ramadan 2018. La chaîne mise sur des prime time animés, mais aussi sur des drames et des séries à fond social à l’heure du ftour.
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La première chaîne, Al Aoula, réalise des audiences plus modestes, mais peut réunir un certain nombre de téléspectateurs : le 10 mai, plus de quatre millions de Marocains étaient devant la série Hemi Wlad Aami vers 20 heures, puis quatre millions devant Takchira, une série familiale diffusée un peu avant 23 heures.
Au Maroc, durant ramadan, le temps passé devant la télévision explose : il passe de 3 heures et 43 minutes quotidiennes par individu, à 4 heures et 48 minutes, selon des chiffres de 2018 du Ciaumed (Centre interprofessionnel d’audimétrie médiatique).
Moment familial et propice à une consommation différente du reste de l’année, ramadan est une période qui compte beaucoup pour les producteurs
Surtout, ramadan est une période bénie pour l’industrie marocaine de la télévision : les chaînes satellitaires étrangères sont circonscrites à 17 % de parts d’audience en prime time. Un communiqué de 2M précise : la domination des chaînes publiques marocaines sur les fréquences étrangères est même en progression de sept points par rapport à la première semaine du ramadan 2018. Le même communiqué rappelle que 80 % de la grille télévisée de la période de ramadan est composée de productions nationales.
Riad Aït Aoudia, directeur de l’agence Media Algeria, ne disait rien d’autre à propos de l’Algérie en 2018 : « Hors ramadan, les productions étrangères sont beaucoup plus représentées. » Moment familial et propice à une consommation différente du reste de l’année, ramadan est une période qui compte beaucoup pour les producteurs, dans des pays où le public a accès aux bouquets satellitaires, à plusieurs langues – le français et l’arabe en tête – et donc à un large catalogue étranger.
Amour et règlements de comptes en Tunisie
En Tunisie, cette année, après un ramadan plutôt pauvre en feuilletons en 2018, les chaînes privées ont parié à fond sur des productions nationales nombreuses. El Hiwar Ettounsi a raflé la mise le premier jour du mois sacré, selon des chiffres du cabinet Sigma Conseil.
La chaîne proposait la quatrième saison d’un produit tunisien bien connu maintenant, Awled Moufida (Les fils de Moufida). Amour et règlements de comptes étaient encore au rendez-vous pour la plus osée des séries tunisiennes, qui plongent le téléspectateur dans le monde de jeunes rebelles.
Le gendarme du petit écran tunisien, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), a cependant demandé une diffusion retardée et l’incrustation d’un avertissement pour le jeune public. La même chaîne a aussi conquis de grosses parts d’audience avec la sitcom Kessmet wkhayen.
Nessma a été, selon Sigma Conseil, la deuxième chaîne la plus regardée le premier jour de ramadan. Le premier soir, ce sont des séries turques, doublées en tunisien, Bnet Fadhila (Les filles de Fadhila) et El hob eli kweni (L’amour qui me brûle), qui ont attiré les téléspectateurs. Mais, en l’absence de chiffres et à en croire des réactions du public sur les réseaux sociaux, la série Nouba, proposée par la même chaîne, pourrait s’imposer au fil du mois. Nouba plonge le spectateur dans l’univers du mezoued, musique traditionnelle tunisienne, dans les années 1990.
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Les chaînes publiques semblent un peu dépassées par les privées, mais toujours sur les réseaux sociaux et dans la presse nationale, le public et la critique semblent apprécier les efforts de Wataniya 1. La première chaîne diffuse une nouvelle série tunisienne, Maestro, drame mis en scène dans l’univers carcéral des mineurs.
En Algérie, sur le début du mois, il semble que le duel se joue entre Echourouk TV et Ennahar. Cette dernière a parié sur la diffusion d’une série turque, Rais Corso, et d’une production tuniso-algérienne, le feuilleton Machair. Echourouk TV, de son côté, a parié sur une production nationale et audacieuse : Ouled Lahlal. La série, tournée à Oran, est une plongée dans un quartier dans lequel règne un trafiquant de drogue.
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