Malawi : des élections générales à l’issue incertaine

Peter Mutharika, chef de l’État, se représente face à des membres de son propre gouvernement et d’un opposant qui tous, pointent du doigt la corruption galopante dans ce pays d’Afrique australe pauvre et agricole.

Le président du Malawi Peter Mutharika s’adresse à ses électeurs lors d’un meeting électoral en avril 2017 © AFP / Amos Gumulira

Le président du Malawi Peter Mutharika s’adresse à ses électeurs lors d’un meeting électoral en avril 2017 © AFP / Amos Gumulira

Publié le 19 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Le chef de l’Etat sortant du Malawi Peter Mutharika, 78 ans, joue sa carrière politique mardi lors d’une élection présidentielle à l’issue incertaine, où il affrontera le chef de l’opposition et deux membres de son propre gouvernement. Les 6,8 millions d’électeurs malawites doivent aussi élire le même jour leurs députés et leurs conseillers locaux.

Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014, brigue un second mandat face à sept autre candidats.

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Sa présidence a été ternie par des affaires de corruption, alors qu’il s’était engagé à lutter contre ce fléau. Il a été personnellement impliqué dans une affaire de pots-de-vin de 3,9 millions de dollars.

Il a d’abord affirmé être « convaincu qu’il s’agissait d’un don honnête », avant d’être contraint de rembourser 200 000 dollars. Pendant la campagne, il a soigneusement évité d’évoquer le scandale.

« On a mis le Malawi sur le chemin du progrès », a-t-il lancé samedi lors de son dernière réunion électorale, à Blantyre, devant des milliers de ses partisans. « Si vous me donnez cinq ans supplémentaires, je transformerai ce pays au point que vous ne le reconnaîtrez pas (…). On arrivera au niveau de Singapour ou de la Malaisie », a-t-il affirmé.

Les infrastructures, notamment les routes, se sont améliorées ces cinq dernières années, mais le bilan économique de sortant reste mitigé. Depuis 2014, le taux d’inflation a certes chuté de 23 à 9%, mais la croissance a baissé de 5,7% à 4%, selon le Fonds monétaire international (FMI).

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Ses principaux opposants mardi – son vice-président Saulos Chilima, son ministre de la Santé Atupele Muluzi et le chef de l’opposition Lazarus Chakwera – ont naturellement fait de la lutte contre la corruption l’un de leurs principaux arguments de campagne.

La corruption au centre des débats

Saulos Chilima, qui a claqué l’an dernier la porte du Parti populaire démocratique (DPP, au pouvoir) tout en conservant son poste de vice-président, accuse le sortant de « corruption » et de « népotisme ».

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« On assiste à un grave pillage des ressources publiques, qui sont pourtant destinées à améliorer la qualité de vie », affirme-t-il. « Les personnes au pouvoir (…) savaient parfaitement quoi faire mais elles ont fait l’exact opposé. »

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Samedi, Lazarus Chakwera, chef de la principale formation d’opposition, le parti du Congrès du Malawi de l’ancien dictateur Hastings Kamuzu Banda (1964-1994), a lui aussi encore joué la carte anti-corruption.

« Nous devons mettre fin à la corruption et faire respecter l’Etat de droit », a-t-il déclaré. « Les gens sont prêts au changement (…) Nous allons gagner cette élection », a ajouté celui qui était arrivé deuxième de la présidentielle en 2014.

Cette année, il dispose d’un avantage de poids, le soutien de l’ex-présidente Joyce Banda (2012-2014). Ses partisans veulent croire à sa victoire.

En 2019, la moitié des 18 millions de Malawites vivent toujours sous le seuil de pauvreté et seuls 11% de sa population ont accès à l’électricité.

Les dons doivent être déclarés

Mais les partisans du président sortant louent ses efforts en terme de développement.

« Nous avons maintenant, grâce au président, de l’eau, des routes et des écoles dans notre district. C’est la première fois de ma vie que je vois un tel développement », a estimé Sakanako Japana, 72 ans, lors d’un meeting du DPP à Blantyre samedi. Le chef de l’Etat peut aussi compter sur un large soutien dans les zones rurales, en raison des subventions gouvernementales pour les engrais.

« L’opposition a travaillé dur pour suggérer » que les mauvais résultats économiques étaient « liés à la corruption en raison d’une mauvaise allocation supposée des fonds accordés par les donateurs », a expliqué Jane Morley de Fitch Solutions.

Mais le président sortant pourrait profiter de « l’incapacité de l’opposition à s’unir derrière un candidat unique et du système électoral », a-t-elle ajouté.

Le chef de l’Etat est élu selon un scrutin à un tour à la majorité simple. Peter Mutharika l’avait emporté en 2014 avec seulement 36% des suffrages. Ces élections sont les premières organisées en vertu d’une nouvelle loi sur le financement des partis et des campagnes.

Tous les dons individuels supérieurs à 1 398 dollars et ceux d’entreprises de plus de 2 700 dollars doivent être déclarés. Les distributions de liquide ont également été interdites, ce qui a donné lieu à une campagne colorée avec distribution de casquettes et tee-shirts.

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