L’opium revient en force

Les talibans avaient interdit la culture du pavot. La Banque mondiale révèle qu’elle constitue aujourd’hui la première source de revenus du pays.

Publié le 25 mars 2003 Lecture : 1 minute.

Al’heure où tous les regards sont braqués sur Bagdad, l’Afghanistan, quelque peu tombé dans l’oubli, retourne tranquillement à ses vieux démons : la culture et la commercialisation de l’opium. Dans une interview accordée le 15 mars au journal britannique The Observer, James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, a révélé que la culture de l’opium constitue aujourd’hui la première source de revenus du pays : elle a rapporté 1,4 milliard de dollars aux producteurs afghans, soit 200 millions de dollars de plus que l’aide internationale octroyée au pays en 2002. Ni celle-ci ni le programme d’éradication du pavot, lancé en mars dernier par les autorités de Kaboul avec le soutien du Programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues (Pnucid), ne sont parvenus à venir à bout d’une activité si lucrative qu’elle a été choisie par une famille afghane sur dix comme moyen de subsistance. Le bannissement de la culture du pavot, décidé en juillet 2000 par les talibans et qui, en quelques mois, avait entraîné une diminution de 94 % de la production, n’est plus qu’un vieux souvenir : les surfaces ensemencées s’élèvent aujourd’hui à 30 750 hectares, presque quatre fois plus que sous le régime du Mollah Omar – moins de 8 000 hectares. Résultat : le pays a repris sa place de premier producteur mondial d’opium et approvisionne les trois quarts des « marchés » européen et iranien.
Rien n’indique que le commerce de la drogue diminuera prochainement en Afghanistan. D’une part parce qu’aucune culture de substitution digne de ce nom n’a pu être proposée dans le cadre d’une réforme agraire (un rapport onusien révèle ainsi que la culture du pavot rapporte jusqu’à 16 000 dollars par ha, contre 60 dollars pour celle du blé), d’autre part parce que les zones de production sont toujours sous le contrôle de chefs de guerre qui ne reconnaissent l’autorité du président Hamid Karzaï que du bout des lèvres…

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