RDC : à Lubumbashi, Moïse Katumbi somme Joseph Kabila de laisser Félix Tshisekedi diriger
De retour à Lubumbashi après trois ans d’exil, Moïse Katumbi, qui revendique toujours le titre d’opposant, a tenu un grand meeting à Lubumbashi.
La marée humaine avait des airs de tsunami pour ce retour triomphal. Musique, cris de joie, bains de foule… Il aura fallu plus de sept heures au cortège de Moïse Katumbi pour parcourir la demi-douzaine de kilomètres séparant l’aéroport international de la Luano, où il est arrivé en fin de matinée, et le centre de Lubumbashi, où l’opposant a tenu son meeting dans la soirée, lundi, sur la place de la Poste.
« Je vous aime ! Merci pour tout ! » a lancé l’ancien gouverneur de la province du Katanga, de retour sur ses terres après trois années d’exil, à la masse compacte de ses partisans rassemblés dans une ambiance électrique pour écouter son discours. Après avoir fait observer une minute de silence au nom des victimes de la milice Kamuina Nsapu et de l’épidémie d’Ebola, il a ensuite assuré être revenu en RDC « pour la paix et la réconciliation ».
#RDC: Le carton plein de @moise_katumbi ce lundi 20 mai à Lubumbashi (Vidéo) pic.twitter.com/O21ujUUXst
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) May 20, 2019
Et si il revendique haut et fort son statut d’opposant, Moïse Katumbi a réitéré ses propos relativement conciliants à l’endroit de Félix Tshisekedi. « Si un véhicule a deux conducteurs au volant, il connaîtra un accident, laissons un seul chauffeur nous diriger », a-t-il d’abord lancé. Une allusion transparente à Joseph Kabila, l’ancien président dont la coalition, le Front commun pour le Congo, a conservé la main mise sur l’Assemblée, le Sénat et compte une majorité de gouverneurs de province, qui conserve un droit de regard sur les nominations importantes.
>>> À LIRE – RDC : Sylvestre Ilunga Ilunkamba nommé Premier ministre
Quelques heures seulement auparavant, à quelques 2 000 kilomètres de là, à Kinshasa, le nom du Premier ministre venait d’être dévoilé, après pas moins de quatre mois d’attente et de négociations entre les partis du nouveau et de l’ancien président. En l’occurrence, c’est Sylvestre Ilunga Ilunkamba qui a été nommé Premier ministre. Et celui qui dirigera le premier gouvernement depuis l’investiture de Félix Tshisekedi, fin janvier, est issu du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti de Joseph Kabila. Moïse Katumbi l’a appelé à « servir le peuple et rien que le peuple ».
Condamner ce qu’il faut condamner, soutenir ce qu’il faut soutenir
Président de la plateforme Ensemble et coordonnateur – encore pour quelques semaines – de la coalition Lamuka qui a porté la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle, Moïse Katumbi a cependant pris ses distances avec le combat pour la « vérité des urnes » que mène ce dernier. « Il faut aller de l’avant. Je ne suis pas la Cour constitutionnelle », a-t-il lancé, réitérant sa volonté affichée de se placer dans une opposition républicaine. Sa feuille de route ? « Condamner ce qu’il faut condamner, et soutenir ce qu’il faut soutenir ».
>>> À LIRE – RDC : quelle stratégie pour Katumbi ?
Il a notamment prévenu qu’il s’opposerait à toute modification constitutionnelle, prévenant que « le Parlement, tenu majoritairement par le FCC, veut retoucher la Constitution pour ses intérêts, contre le peuple ». Pour les semaines à venir, Katumbi a déjà prévenu qu’il n’entendait pas intégrer le prochain gouvernement. Il espère transformer Ensemble pour le changement – jusqu’ici une simple plateforme électorale – en un parti politique. Il a également annoncé son intention d’engager des discussions avec les autorités pour obtenir un passeport biométrique pour son bras droit et conseiller spécial, Salomon Kalonda Della, qui n’a pu faire le déplacement à Lubumbashi, lundi.
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