Dette cachée du Mozambique : l’ex-ministre des Finances Manuel Chang sera extradé vers son pays

L’Afrique du Sud a annoncé, le 22 mai, sa décision d’extrader vers le Maputo l’ex-ministre mozambicain des Finances Manuel Chang, arrêté fin 2018 sur son territoire dans le cadre du vaste scandale de la dette cachée qui ébranle son pays.

Manuel Chang, ancien ministre mozambicain des Finances,  au tribunal de Kempton Park, Johannesburg, le 2 janvier 2019. © P.Magakoe/AP/SIPA

Manuel Chang, ancien ministre mozambicain des Finances, au tribunal de Kempton Park, Johannesburg, le 2 janvier 2019. © P.Magakoe/AP/SIPA

Publié le 22 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

L’affaire sera finalement jugée devant les tribunaux mozambicains. « L’accusé, M. Manuel Chang, serait extradé au Mozambique pour y être jugé pour les crimes pour lesquels il est poursuivi », a tranché le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha, dans un communiqué paru le 21 mai.

Manuel Chang était poursuivi pour les mêmes faits au Mozambique et aux États-Unis, qui avaient aussi réclamé à Pretoria son extradition sur leur territoire après que la justice américaine a déclenché les hostilités judiciaires à son encontre.

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« J’ai noté que la requête des États-Unis d’Amérique avait été soumise quelques semaines avant celle du Mozambique. Toutefois, (…) je suis persuadé que les intérêts de la justice seront mieux servis en accédant à la requête de la République du Mozambique », a déclaré le ministre de la Justice.

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Pression américaine

Manuel Chang, 63 ans, avait été arrêté à l’aéroport international de Johannesburg en décembre 2018 sur requête de la justice américaine qui l’accuse d’avoir facilité l’obtention par des sociétés  publiques de prêts frauduleux pour un montant de 2 milliards de dollars (1,76 milliard d’euros). Des emprunts auxquels il avait apporté une garantie d’État, alors que selon la Constitution du pays, le législateur aurait dû être consulté. Dans le cadre de cette affaire, l’ex-ministre des Finances est accusé d’avoir perçu plusieurs millions de dollars de pots-de-vin, un audit indépendant ayant révélé qu’un quart des sommes débloquées avaient été détournées.

Son pays d’origine et les États-Unis se disputaient depuis le droit de le juger pour les mêmes faits. La ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Lindiwe Sisulu, avait publiquement fait savoir sa préférence pour le Mozambique. « Nous autoriserons le Mozambique à avoir son ancien ministre (…), nous estimons que c’est la chose la plus simple à faire pour tous », avait-elle déclaré plus tôt cette année à un média local.

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Mais les États-Unis avaient rappelé leur détermination à juger l’ex-ministre sur leur sol. « Les États-Unis attendent de l’Afrique du Sud qu’elle extrade M. Chang », avait ainsi déclaré le sous-secrétaire d’État américain en charge des Affaires africaines, Tibor Nagy, à la presse, rappelant que son pays avait « signé un traité d’extradition avec l’Afrique du Sud ».

Grave crise financière

Dans sa décision, le ministre sud-africain de la Justice a dit avoir pris en compte, entre autres, la citoyenneté de Manuel Chang, le fait que les crimes pour lesquels il est poursuivi aient été commis pendant qu’il était ministre ainsi que « l’importante dette pour le Mozambique provoquée par les faits qui lui sont reprochés ».

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La justice mozambicaine a arrêté récemment plusieurs suspects liés à ce scandale, dont le fils de l’ex-président Armando Guebuza et des agents des services de renseignement. Ce scandale dit de la « dette cachée » a plongé le Mozambique dans une grave crise financière. Il embarrasse son actuel président Filipe Nyusi, ministre de la Défense à l’époque des faits, et candidat à un nouveau mandat à la tête du pays lors des élections d’octobre.

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