Algérie : Moncef Othmani démissionne de la présidence par intérim du FCE
Dénonçant le « climat délétère » qui règne autour de l’élection du président du Forum des chefs d’entreprises, la principale association patronale algérienne, son président par intérim, Moncef Othmani, a annoncé sa démission.
Plus rien n’est certain à la tête du Forum des chefs d’entreprise en Algérie. Moncef Othmani, président par intérim de la première organisation patronale algérienne, a envoyé mardi 21 mai sa lettre de démission aux adhérents. Nommé le 7 avril, sa mission était d’organiser l’élection du nouveau président du FCE, qui doit avoir lieu le 24 juin prochain.
Dans sa lettre de démission, consultée par Jeune Afrique, ce membre fondateur du FCE, s’indigne du « climat délétère » dans lequel se prépare cette élection. Il indique avoir « été destinataire d’une correspondance de l’un des candidats, en l’occurrence Sami Agli, [l]’accusant de partialité dans le cadre du vote des délégations ». Vérifier la conformité des dossiers de candidature pour cette élection était justement l’une de ses principales responsabilités, comme il nous l’avait indiqué au lendemain de sa nomination.
« Campagne diffamatoire, insultes et menaces physiques »
« Cette allégation infondée, que je ne saurais accepter, intervient par suite du rejet par mes soins de certains dossiers non conformes à la procédure arrêtée à cet effet et portée à la connaissance de l’ensemble des structures du FCE », explique l’ex-président par intérim. « Cette même correspondance, comble d’ironie, a été reprise textuellement par d’autres délégations » ajoute-t-il, « conséquence de quoi, et en aucun cas, je ne saurais cautionner l’organisation d’élections irrégulières déjà annoncées par certaines parties malintentionnées ».
Moncef Othmani affirme avoir fait l’objet d’une « campagne diffamatoire d’une rare violence par certains vice-présidents aux objectifs inavoués visant à maintenir leur mainmise sur le FCE comme par le passé ». « L’un d’entre eux a porté atteinte à ma dignité en proférant des insultes à mon endroit et en me menaçant physiquement. Tout ceci en présence de témoins membres du Forum », déplore le président démissionnaire.
« Le FCE n’est plus ce qu’il était auparavant »
Première conséquence de cette décision : l’un des deux candidats en lice pour le poste de président, Hassen Khelifati (face à Sami Agli), a retiré sa candidature et quitté définitivement le FCE. « Suite à la démission du président par intérim et aux magouilles constatées autour du scrutin par les tenants du statu quo, je considère que ma place n’est plus dans cette élection. Je vais retirer ma candidature demain, et je quitte le FCE définitivement », a-t-il déclaré au média algérien TSA le 21 mai, profitant de l’occasion pour lancer « un appel aux entreprises de quitter cet espace qui n’est plus ce qu’il était auparavant ».
En cas de vacance de la présidence du FCE, les statuts de l’organisation indiquent que c’est au doyen des vice-présidents d’assurer l’intérim pendant trois mois. Après la démission d’Ali Haddad, le 28 mars, Hocine Mansour Metidji, doyen d’âge des vice-présidents de l’organisation, avait refusé le poste. Moncef Othmani avait alors accepté cette responsabilité, mais les statuts ne répondent plus à la situation présente. Le processus d’élection semble pour le moment en panne.
Moncef Othmani, PDG de Fruital Algérie et de Daba Algérie n’a pas fait part de son intention de quitter l’organisation.
Ali Haddad en audience le 3 juin
L’ancien président du FCE, Ali Haddad, âgé de 54 ans, qui avait été nommé à ce poste en novembre 2014, a été arrêté fin mars alors qu’il tentait de se rendre en Tunisie muni de deux passeports. Il est toujours en détention provision à la prison d’El Harrach, dans une cellule individuelle.
Présenté le 20 mai devant un tribunal algérois, son procès a finalement été reporté au 3 juin prochain à cause de l’absences des témoins citées à comparaître. Selon le code pénal algérien, le fondateur d’ETRHB Haddad, principal groupe privé de travaux publics d’Algérie, dont il est toujours le PDG, encourt une peine de six mois à trois ans d’emprisonnement.
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