Niger : vers une nouvelle procédure judicaire à l’encontre d’Hama Amadou ?

Exilé en France depuis 2016, Hama Amadou, déjà condamné à un an de prison ferme dans l’affaire de « trafic de bébés », pourrait faire l’objet de nouvelles poursuites. Cette fois, c’est le ministère de la Défense qui l’accuse de « porter atteinte au moral et à la cohésion des forces de sécurité ».

Hama Amadou, à Paris, le 15 septembre 2015. © Vincent Fournier/J.A.

Hama Amadou, à Paris, le 15 septembre 2015. © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 22 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

L’ancien président de l’Assemblée nationale nigérienne, candidat malheureux à la présidentielle de 2016, a déclenché l’ire du ministère de la Défense qui a annoncé, mardi, son intention de « saisir le procureur de la République en vue de l’ouverture d’une enquête pour propos diffamatoires et de nature à porter atteinte au moral et à la cohésion des forces de défense et de sécurité ».

En cause, une petite phrase prononcée par Hama Amadou dimanche 21 mai, au détour d’une rencontre avec des militants de son parti, Moden Fa Lumana, à Istanbul, en Turquie, où l’opposant en exil – candidat déclaré à la présidentielle de 2021 – menait campagne.

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« Ce gouvernement profite du problème d’insécurité pour délibérément envoyer à la mort une certaine catégorie de soldats nigériens – délibérément, je le dis à haute et intelligible voix – , s’ils ne prennent pas des mesures pour les radier, simplement, des listes de l’armée pour des motifs les plus absurdes, souvent », a lâché Hama Amadou dans une courte vidéo qui a, depuis, fait le tour des réseaux sociaux nigériens.

Accusation d’ethnicisme

Au sein du ministère de la Défense, le sous-texte est clair. « Hama Amadou voulait dire que les militaires tués étaient toujours des Djerma [ethnie également désignée sous le terme Zarma, dont est issue Hama Amadou]. C’est complètement faux », a confié à Jeune Afrique une source proche du gouvernement.

Dans un communiqué publié mardi 21 mai, le ministère, sans jamais citer nommément Hama Amadou, évoque « certains Nigériens mal intentionnés [qui] ne trouvent pas mieux que de chercher à saper le moral de nos soldats » et pointe « un homme politique qui, […] à travers un document audiovisuel dont il revendique la paternité, a tenu des propos d’une extrême gravité ».

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« Le ministre de la Défense nationale proteste énergiquement contre les accusations graves portées par ce citoyen contre l’armée nigérienne et sa hiérarchie et a décidé de saisir le procureur de la République », annonce le ministère, qui conclut par une mise en garde à ceux qui partageraient cette vidéo sur les réseaux sociaux, soulignant « le caractère délictueux de la tenue et de la diffusion de ce genre de propos qui, en définitive, ne sont qu’un encouragement aux forces terroristes ».

Trois ans d’exil

Hama Amadou, arrivé second à l’élection présidentielle de 2016, est en exil en France depuis cette date. Il a été condamné par contumace à un an de prison ferme en mars 2017 dans l’affaire des « bébés volés ». Le pourvoi en cassation que ses avocats avaient déposé devant le justice nigérienne a été rejeté le 11 avril dernier.

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Fin mars, Hama Amadou a obtenu, à Genève, le soutien de l’Union internationale des parlementaires (UIP), qui a estimé que sa condamnation avait « une dimension politique indéniable » et que « le déroulement de la procédure parlementaire de levée de l’immunité n’[avait] pas été mené dans le respect des droits de la défense ».

La Cour de justice de la Cedeao, qu’il avait saisie dès avril 2017 en mettant notamment en cause la violation de son immunité parlementaire, une enquête selon lui menée uniquement à charge ou encore des pressions de l’exécutif, n’a pour l’heure pas rendu de décision.

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