Kenya : décès de Binyavanga Wainaina, icône de la cause homosexuelle en Afrique
L’écrivain Binyavanga Wainaina, icône de la cause des droits des homosexuels en Afrique, est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 48 ans.
L’écrivain, lauréat du prix Caine en 2012, qui est l’une des plus prestigieuses récompenses pour la littérature africaine en langue anglaise, est décédé seulement quelques jours avant un jugement très attendu qui pourrait déboucher sur une décriminalisation de l’homosexualité au Kenya.
« Il est décédé la nuit dernière », a annoncé Tom Maliti, président du Kwani Trust, une maison d’édition fondée par Wainaina et basée à Nairobi. Son frère James a raconté à la radio Capital News que les condoléances affluaient du monde entier.
Ken était une personne incroyable, avec une finesse d’esprit incroyable
« Nous avons perdu Ken la nuit dernière. Nous pleurons sa perte (…), mais Ken était une personne incroyable, avec une finesse d’esprit incroyable », a-t-il déclaré. En 2018, celui que tous reconnaissait avec sa crête de cheveux teints en rouge et bleu, avait indiqué vouloir épouser son partenaire de longue date en Afrique du Sud.
L’auteur et journaliste, fondateur de la revue littéraire est-africaine Kwani, véritable figure de la littérature kényane, Wainaina avait reçu des éloges et bénéficiait d’une large audience pour l’ensemble de son œuvre, dont son essai satyrique How to Write About Africa.
Il avait été victime d’une crise cardiaque en 2015 et suivait un traitement pour combattre le sida, dont il était atteint.
Un coming out politique
>>> A LIRE – « Je suis homosexuel maman » : le « coming out » d’un écrivain kényan pour défier les lois anti-gays
Le personnage divisait parfois dans son pays natal, le Kenya, où des lois datant de la période coloniale criminalisent fermement l’homosexualité. Wainaina avait déclenché un énorme débat en 2014 en annonçant publiquement son homosexualité. Un « coming out » qu’il qualifiait d’acte politique, dans Je suis homosexuel, maman, une nouvelle publiée en ligne.
« Moi, Binyavanga Wainaina, je jure honnêtement avoir su que j’étais homosexuel dès l’âge de cinq ans », écrivait-il dans cette nouvelle dédiée à sa mère, décédée avant qu’il n’ait eu le temps de rentrer d’Afrique du Sud. Ce texte, il l’avait écrit quelques jours après la promulgation au Nigeria d’une loi anti-homosexualité qu’il qualifiait de honteuse, dans un pays qu’il admirait et considérait comme sa seconde patrie.
Son combat pour plus de tolérance lui a valu, cette année là, d’innombrables messages de soutien. Il avait également été nommé parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde par Time Magazine.
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