Nunu Ntshingila (Facebook) : « Le principal obstacle à notre développement en Afrique vient du coût encore élevé de la data »
À travers ses différentes plateformes (Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp), le géant américain des réseaux sociaux couvre 48 pays d’Afrique subsaharienne. Sa responsable Afrique, Nunu Ntshingila, explique ses grands axes stratégiques.
La Sud-Africaine Nunu Ntshingila, directrice régionale de Facebook pour l’Afrique subsaharienne, pilote le bureau de Facebook à Johannesburg depuis septembre 2015 – elle a été nommée à ce poste deux mois après son ouverture. Rencontrée en marge du salon Viva Technology, à Paris, le 16 mai, elle décrypte pour Jeune Afrique les leviers de développement du géant américain sur le continent.
Jeune Afrique : Combien d’utilisateurs compte Facebook en Afrique ? À quel rythme leur nombre augmente ?
Nunu Ntshingila : Nous avons 145 millions d’utilisateurs qui se connectent chaque mois sur nos différentes plateformes (Facebook, WhatsApp, Instagram, Messenger) en Afrique subsaharienne, dont 97 % y accèdent via leur mobile. À titre comparatif, il y a trois ans, nous avions 120 millions d’utilisateurs mensuels. Nous sommes très confiants sur l’avenir du continent. Les deux ou trois prochaines années vont être incroyables !
>>> À LIRE – Technologie : comment Whatsapp a conquis l’Afrique
Facebook a ouvert son premier et unique bureau africain, à Johannesburg, en 2015. Pourquoi vous êtes-vous intéressé tardivement au continent ?
Nous avions scellé des accords avec nos partenaires africains bien avant que nous installions une présence physique sur le continent. De là où nous partions – Facebook a été créée il y a à peine une quinzaine d’années – 2015 ce n’est pas tard du tout ! Nous continuons d’ouvrir de nouveaux bureaux ailleurs dans le monde : le dernier en date, à Taïwan, au mois d’avril.
Quels sont vos principaux axes stratégiques en Afrique ?
Nous devons continuer à travailler avec tous les acteurs du marché qui amènent de nouveaux usagers d’internet et encourager le développement des infrastructures pour améliorer l’accès au réseau et la qualité de la connexion. En Ouganda, par exemple, nous investissons dans le développement de la fibre optique [Facebook refuse de communiquer le montant d’investissement, NDLR].
Nous collaborons avec l’ensemble des opérateurs télécoms sur le continent, MTN, Airtel, Safaricom ou encore Orange et Tigo… En partenariat avec eux, nous avons lancé l’initiative « Free Basics », disponible dans une trentaine de pays. Celle-ci permet à leurs clients d’accéder sans frais de transmissions de données mobile, à Facebook ainsi qu’à d’autres services, que ce soit Wikipédia ou des applications locales dans les domaines de la santé, de l’emploi ou de l’éducation.
Quels sont les principaux obstacles auxquels vous faites face ?
Les internautes africains paient cher pour se connecter. Le coût de la data reste élevé même si le marché comment à s’ajuster. Pour y répondre, nous avions lancé Facebook Lite, une application moins consommatrice en data, qui fonctionne bien en 2G, en juin 2015.
>>> À LIRE : [Infographie] Pourquoi les données mobiles sont plus chères en Afrique
Outre les opérateurs télécoms, qui sont vos principaux clients ?
Une partie de nos clients vient d’entreprises du e-commerce comme Jumia ou Takealot (leader sur le marché sud-africain, NDLR). Nous collaborons aussi avec des sociétés spécialisées dans les services financiers et des entreprises de biens de consommation courante telles que Unilever, Coca-Cola ou Procter & Gamble, pour améliorer leur communication en ligne. Nous leur vendons des produits publicitaires.
Nos solutions offrent une couverture massive aux annonceurs, la possibilité de faire des campagnes vidéo sur Facebook, ou d’interagir avec les consommateurs clients via Messenger et WhatsApp… En août 2018, en partenariat avec Facebook Africa et Clickatell, Absa Bank (5e banque d’Afrique australe en 2018, selon le classement Jeune Afrique, NDLR) a lancé un service de relation-client par chat sur WhatsApp.
Nous avons également collaboré avec la start-up Cellulant pour développer un service d’essayage en ligne sur Messenger. Celui-ci permet aux clients de la marque kényane de cosmétiques Huddah, qui propose aujourd’hui ce service, de tester les produits en réalité augmentée, avant de les commander en ligne.
Comment Facebook protège les données de ses utilisateurs ?
Nous avons la lourde responsabilité de protéger les données de nos utilisateurs, en Afrique comme partout ailleurs. Pour cette raison, nous conduisons d’importants investissements. Nous avons révisé les paramètres de confidentialité pour clarifier quelles informations vous partagez avec nous et ce que nous faisons avec. Nous avons aussi créé une nouvelle équipe dédiée à la protection de la vie privée et à l’utilisation des données.
Au-delà du renforcement de ces standards, nous avons renforcé notre politique de lutte contre la violence et la désinformation. Nous avons notamment facilité la saisie de nos équipes en cas de contenus violents.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan