Afrique du Sud : réélu président, Cyril Ramaphosa promet de « restaurer l’espoir »

Cyril Ramaphosa a été reconduit sans surprise à la tête du pays, mercredi, après la victoire aux législatives de son parti, le Congrès national africain (ANC). Il a promis de « restaurer l’espoir » dans un pays « accablé » par le chômage et les inégalités.

Cyril Ramaphosa, après avoir été réélu président, sans surprise, par le Parlement sud-africain, le mercredi 22 mai 2019. © AP/SIPA

Cyril Ramaphosa, après avoir été réélu président, sans surprise, par le Parlement sud-africain, le mercredi 22 mai 2019. © AP/SIPA

Publié le 22 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

L’ANC, au pouvoir depuis la fin du régime de l’apartheid en 1994, a réalisé le 8 mai le plus mauvais score de son histoire à des élections nationales (57,5%) mais a conservé une majorité absolue de 230 des 400 sièges de l’Assemblée nationale.

La réélection par les députés de Cyril Ramaphosa – au pouvoir depuis 2018 après la démission de son prédécesseur Jacob Zuma, soupçonné de corruption – était donc une pure formalité. Elle n’a même pas donné lieu à un vote des députés, l’opposition n’ayant présenté aucun candidat.

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« Je déclare Cyril Ramaphosa dûment élu président de la République d’Afrique du Sud », a annoncé le président de la Cour constitutionnelle Mogoeng Mogoeng, sous un tonnerre d’applaudissements.

« Ma priorité va être de mettre en avant les intérêts de nos citoyens », a assuré le chef de l’État. « Nous avons reçu la charge de relancer notre économie, de reconstruire nos institutions et de restaurer l’espoir », a-t-il ajouté devant les députés, en promettant de travailler pour ceux « accablés par le chômage, les inégalités et la pauvreté ».

Le nouveau gouvernement, qui doit être annoncé dans les prochains jours, « sera synonyme de changement et vous allez voir le changement », a-t-il affirmé.

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Corruption

« Cette élection se produit à un moment où 10 millions de nos citoyens sont sans emploi, à un moment où nos citoyens ne se sentent pas en sécurité », lui a rappelé Mmusi Maimane, chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA). « Je vous souhaite le succès », a-t-il assuré, avant de demander que « ceux qui ont pillé le pays voient la prison ».

« Nous espérons que vous serez le président d’un gouvernement irréprochable sur la corruption », a aussi lancé Julius Malema, le chef des Combattants pour la liberté économique (EFF).

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Très formelle, la session inaugurale de l’Assemblée nationale a débuté mercredi par un coup de théâtre. Plusieurs personnalités du gouvernement et de l’ANC n’ont pas prêté serment comme députés. Le vice-président du pays, David Mabuza, a demandé à reporter sa prestation de serment « à la suite d’un rapport de la commission d’éthique de l’ANC qui le soupçonne d’avoir porté préjudice à l’intégrité » du parti, a expliqué la formation.

La décision de David Mabuza a immédiatement soulevé des spéculations sur son maintien ou non au poste de vice-président d’Afrique du Sud. « Le fait qu’il (David Mabuza) soit vice-président de l’ANC ne garantit pas qu’il ait la position de vice-président de la République », a estimé Zizi Kodwa, un porte-parole de l’ANC. L’actuelle ministre de l’Environnement Nomvula Mokonyane et l’ex-ministre des Finances Malusi Gigaba, proches de l’ancien président Zuma, ont eux renoncé à leur siège.

« Revirement spectaculaire »

« C’est un revirement spectaculaire », a réagi le chef du groupe parlementaire de la DA, John Steenhuisen. « C’est le signe clair que quelque chose se trame au sein de l’ANC ».

Cyril Ramaphosa a pris la tête de l’ANC fin 2017, après l’avoir emporté d’une très courte tête devant la candidate soutenue par la faction Zuma. Il cherche depuis à consolider son autorité sur l’ensemble du parti, où les partisans de son prédécesseur disposent encore d’une forte capacité de nuisance.

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En campagne, Cyril Ramaphosa avait réaffirmé sa détermination « à ce que les personnes reconnues coupables de corruption (…) ne soient pas autorisées à occuper des postes de responsabilités au sein de l’ANC, au parlement ou dans le gouvernement ».

Des soupçons de corruption pèsent sur David Mabuza et Nomvula Mokonyane. « Mokonyane et Gigaba hors du parlement et Mabuza qui n’a pas encore prêté serment », a résumé l’analyste Daniel Silke dans un tweet.

« Un remaniement significatif de Ramaphosa est en route, non seulement pour restaurer de la crédibilité mais aussi pour asseoir son autorité », a-t-il estimé. « Ramaphosa n’a jamais été aussi puissant et il ne sera jamais aussi puissant », a souligné pour sa part son confrère Richard Calland. « Il ne peut pas écarter toute la faction Zuma, mais il peut leur retirer des positions-clé afin de pouvoir gouverner de manière décisive », a-t-il ajouté.

Après sa réélection mercredi, Cyril Ramaphosa prêtera officiellement serment samedi lors d’une cérémonie organisée dans un stade de la capitale Pretoria.

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