Côte d’Ivoire : 18 interpellations après les violences intercommunautaires à Béoumi
Dix-huit personnes ont été interpellées dans le cadre de l’enquête sur les violences intercommunautaires qui ont secoué Béoumi, près de Bouaké, au cours desquelles au moins 11 personnes ont été tuées et près de 90 autres blessées.
Les autorités ont choisi la fermeté. Le président Alassane Ouattara a personnellement insisté auprès du ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, afin que les auteurs des violences qui ont secoué Béoumi, la semaine dernière, répondent de leurs actes. Dix-huit personnes ont été interpellées, en majorité des jeunes hommes, issus des communautés baoulé et malinké de Béoumi, à une soixantaine de kilomètres de Bouaké.
Tout était parti d’une violente altercation entre un conducteur de moto-taxi baoulé et un chauffeur de véhicule de transport malinké. De fausses rumeurs sur la mort supposée du jeune conducteur de moto-taxi se sont vite répandues au sein de sa communauté, provoquant une flambée de violences de part et d’autre. Au lendemain des affrontements qui ont fait au moins 11 morts et près de 90 blessés, l’armée avait été déployée et un couvre-feu instauré.
Fermeté affichée par les autorités
C’est le général de brigade Alexandre Apalo Touré, commandant supérieur de la gendarmerie, qui a personnellement supervisé les enquêtes menées par la brigade de recherches de la gendarmerie de Bouaké.
Les armes utilisées sont exclusivement des fusils de chasse traditionnelle
Les interpellations ont été conduites après l’audition d’une soixantaine de personnes conduites sous l’égide du procureur du tribunal de Bouaké, Braman Koné. Ce dernier dément l’information sur l’usage d’armes de guerre au cours des violences. « Les armes utilisées sont exclusivement des fusils de chasse traditionnelle », précise-t-il.
>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : affrontements intercommunautaires meurtriers près de Bouaké
De son côté, le Général Touré a initié une tournée de sensibilisation dans plusieurs villages de la commune, pour y diffuser un message de fermeté. « Que tous ceux qui ont des armes les déposent très rapidement à la préfecture, au commissariat ou à la brigade [de gendarmerie]. Si nous prenons une personne avec une arme, elle assumera », a-t-il martelé.
« Tous les auteurs, co-auteurs, responsables de cette barbarie rendront compte devant les juridictions compétentes », a pour sa part promis Sidi Tiémoko Touré, ministre porte-parole du gouvernement et député de la ville. Ce dernier, issu du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) a par ailleurs initié avec d’autres cadres de la région plusieurs rencontres en vue d’appeler au calme.
Tentatives d’apaisement
L’un des arguments développés pour atténuer les rancœurs, à en croire Jacques Mangoua, président du Conseil régional du Gbêkê, natif de Béoumi et vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié), est le brassage inter-ethnique. « De nombreux cadres baoulés de Béoumi ont des mamans Malinké, et vice-versa. Nous sommes donc en train de sensibiliser les jeunes aux notions de paix et de cohésion sociale. Il faut qu’ils sachent qu’ils sont des frères », insiste-t-il.
Pour prévenir d’autres conflits, les leaders communautaires et politiques, ainsi que les autorités administratives, ont mis en place un « Comité d’écoute et de dialogue », présidé par le préfet Méledj Mel. Sa mission est d’« œuvrer à la réconciliation et au renforcement de la cohésion sociale entre toutes les communautés vivant dans le département ».
Ce week-end, une mission de sensibilisation conduite par l’ensemble du corps préfectoral est prévue dans les principaux villages et quartiers du département. Elle sera le prélude à une rencontre dite « dialogue, vérité et réconciliation » qui se tiendra à Beoumi, à une date qui reste encore à fixer. L’objectif est de « crever l’abcès et mettre fin définitivement à toute cette vague de violence dans notre département », explique le porte-parole du gouvernement.
Les conflits intercommunautaires sont récurrents en Côte d’Ivoire. Les autorités misent sur le civisme civique pour les résorber. Une stratégie nationale de culture civique est en élaboration, elle a été confiée au secrétaire d’Etat Siaka Ouattara.
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