Burkina : les avocats de Bassolé plaident auprès de Macron pour obtenir une évacuation sanitaire en France
Dans un courrier adressé au président français Emmanuel Macron, que Jeune Afrique a pu consulter, les avocats de Djibrill Bassolé, un des principaux accusés dans le procès du putsch manqué de 2015 au Burkina, affirment qu’il est atteint d’un cancer qui ne peut être traité qu’en France et demandent aux autorités françaises de l’accueillir.
Dans une lettre adressée le 24 mai à Emmanuel Macron, l’avocat français de Djibrill Bassolé Me William Bourdon et son conseil burkinabé Me Dieudonné Bonkoungouen, en appellent sa « haute-bienveillance » pour « faire en sorte que cet homme puisse être accueilli à l’hôpital Gustave Roussy », un centre de lutte contre le cancer situé près de Paris.
Un établissement dans lequel « des amis français ont fait le nécessaire pour qu’il ait une chambre dès son atterrissage et où l’assistance notamment financière essentielle à son séjour en France, qui nécessairement se terminera par des soins palliatifs, lui sera assurée », a assuré Me Bourdon à Jeune Afrique.
L’avocat français a également adressé des courriers à Franck Paris, conseiller Afrique d’Emmanuel Macron, et à Rémi Maréchaux, à la tête de la direction Afrique et Océan Indien au Quai d’Orsay. « Djibrill Bassolé, formé comme officier général de la Gendarmerie par notre pays, reste un grand ami de la France », plaide l’avocat dans son courrier, tout en rappelant son rôle de médiateur dans plusieurs conflits pour le compte de l’ONU et de l’Union africaine.
Traitement interrompu
Assigné à résidence depuis octobre 2017 et considéré comme l’un des cerveaux du putsch manqué de 2015 aux côtés du général Gilbert Diendéré, Djibrill Bassolé a vu son état de santé se dégrader ces dernières années. Atteint d’un cancer, l’ancien ministre des Affaires étrangères sous Blaise Compaoré a d’abord été évacué vers la Tunisie le 6 mars pour y recevoir des soins.
Deux mois plus tard, le 5 mai, il a été remis aux autorités de son pays « sous assignation à résidence sans que son traitement en Tunisie ne soit achevé », précise le courrier de son conseil, selon lequel la chimiothérapie de Djibrill Bassolé aurait, depuis, été interrompue.
« L’incarcération de notre client a procédé essentiellement de la volonté des autorités du Burkina de le faire taire et en tous les cas de rendre impossible pour lui le fait de retourner à la vie publique, ce qui était évidemment son inspiration », insiste Me William Bourdon.
Djibrill Bassolé devait se rendre en Turquie pour y poursuivre ses soins. Mais il se serait vu opposer un refus du gouvernement qui aurait « fait volte-face », selon ses avocats. « Sans tomber dans je ne sais quel complotisme, le refus des autorités du Burkina d’autoriser son transfert vers la Turquie pourrait s’inscrire, malheureusement, dans la volonté de ces dernières, en ne lui assurant pas les soins dont il a besoin, de s’assurer progressivement de sa disparition », Me William Bourdon.
Le 23 mai mai, pourtant, au cours d »une conférence de presse, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Rémi Fulgance Dandjinou, avait assuré que « si le conseil de Djibrill Bassolé estime qu’il y a nécessité qu’il soit ré-évacué ailleurs, il le serait ».
Sollicité par Jeune Afrique, le gouvernement n’a pour l’heure pas donné suite.
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