Malawi : Peter Mutharika réélu président de justesse

Le chef de l’État sortant du Malawi Peter Mutharika a été proclamé lundi soir vainqueur de la présidentielle du 21 mai avec moins de 160.000 voix d’avance sur son principal rival Lazarus Chakwera, sur fond d’accusations de fraudes.

Peter Mutharika, le président sortant du Malawi, le 21 mai 2019 à Thyolo, au Malawi. © AFP

Peter Mutharika, le président sortant du Malawi, le 21 mai 2019 à Thyolo, au Malawi. © AFP

Publié le 27 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Retardés deux jours par la justice, les résultats complets de la présidentielle annoncés par la Commission électorale (MEC) créditent Peter Mutharika de 38,57% des suffrages, devant Lazarus Chakwera avec 35,41% des voix.

Le scrutin présidentiel se déroule en un seul tour au Malawi, la majorité relative suffit donc pour l’emporter.

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« Moi (…) Jane Mayemu Ansah (…) déclare le professeur et candidat Arthur Peter Mutharika président élu du Malawi », a annoncé la présidente de la MEC. « Pour ceux qui n’ont pas réussi cette fois, je dis que c’est la décision de la majorité des électeurs du Malawi et que nous devons l’accepter avec grâce et générosité ».

Le MCP conteste

Les résultats officiels ont été proclamés peu de temps après une décision de la justice, qui avait imposé samedi la suspension de leur publication sur requête de Lazarus Chakwera.

Le chef du parti du Congrès du Malawi (MCP) a accusé le pouvoir de vouloir truquer les résultats, signalant de nombreuses anomalies dont l’utilisation suspecte de « blanc » à corriger sur de nombreuses feuilles d’émargement.

« Les résultats imprimés par la MEC que nous avons vérifiés révèlent de graves irrégularités », avait expliqué samedi le porte-parole du MCP, Eisenhower Mkaka.

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Après recomptage, la Haute Cour de Lilongwe a finalement autorisé lundi en fin d’après-midi la publication des résultats.

Le vice-président sortant, Saulos Chilima, qui a rompu avec Peter Mutharika l’an dernier, est arrivé lui en troisième position avec 20,24% des voix, selon la MEC.

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Saulos Chilima a lui aussi dénoncé des fraudes samedi et demandé l’annulation complète du scrutin présidentiel. Lundi soir, son parti, le Mouvement uni de transformation (UTM), a « souhaité bonne chance » au vainqueur mais ajouté que « les problèmes soulevés persistaient toujours ».

« La justice prévaut »

La formation du président réélu, le Parti démocratique progressiste (DPP), a estimé que « la justice avait prévalu, les gens ont parlé ». « Notre engagement est de continuer à servir pour le bien commun du peuple », a estimé le porte-parole du DPP, Nicholas Dausi.

Au lendemain des élections, la société civile locale et les observateurs internationaux, dont ceux de l’Union européenne, s’étaient réjouis sans presque aucune réserve de la bonne tenue du scrutin.

De nombreux incidents avaient émaillé les élections générales précédentes en 2014.

Selon la MEC, le DPP du président sortant est également arrivé en tête des élections législatives disputées le même jour avec 62 des 193 sièges, devant le MCP de Lazarus Chakwera avec 55 sièges.

Le Front démocratique uni (UDF) d’Atupele Muluzi, arrivé quatrième de la présidentielle, a remporté 10 sièges et l’UTM de Saulos Chilima quatre. Le reste se répartit entre des indépendants et des petits partis.

Au pouvoir depuis 2014, Peter Mutharika a fait campagne pour un second mandat en louant ses résultats en matière d’infrastructures du pays, notamment les routes et promis de « faire du Malawi un pays meilleur d’ici cinq ans ».

Ses adversaires ont dénoncé la corruption qui a entaché son premier mandat.

Peter Mutharika, qui s’était engagé à lutter contre ce fléau à son arrivée au pouvoir, s’est lui-même retrouvé impliqué dans un scandale de pots-de-vin, à la suite de l’attribution d’un contrat de millions de dollars à la police.

Déjà arrivé sur la deuxième marche du podium présidentiel en 2014, Lazarus Chakwera espérait cette fois prendre sa revanche, bénéficiant du soutien de poids de l’ancienne présidente Joyce Banda (2012-2014). Mais l’histoire se répète pour le chef de l’opposition: en 2014, il avait perdu avec 450 000 voix de retard sur Peter Mutharika, contre moins de 160 000 cette fois-ci.

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