Tunisie : Nabil Karoui candidat à l’élection présidentielle

Rompant avec la trêve implicite et la somnolence politique habituelle durant le mois de ramadan, Nabil Karoui a annoncé lundi 27 mai dans une interview à Nessma TV, chaîne dont il est le fondateur, sa candidature à l’élection présidentielle de novembre, ainsi que la participation d’une liste associée aux législatives.

Nabil Karoui, fondateur de la chaîne de télévision privée Nessma TV, et qui a présenté sa candidature à la dernière élection présidentielle tunisienne. © Wikimedia/CC

Nabil Karoui, fondateur de la chaîne de télévision privée Nessma TV, et qui a présenté sa candidature à la dernière élection présidentielle tunisienne. © Wikimedia/CC

Publié le 28 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Une annonce qui n’a étonné ni les politiques ni les Tunisiens. Apparu spontanément dans les sondages en décembre 2018, la cote du candidat à Carthage de 55 ans n’a cessé d’augmenter pour atteindre les 32 % d’intentions de vote début mai. De quoi inquiéter et perturber ses rivaux, mais aussi les formations politiques qui n’ont pas évalué le phénomène Karoui.

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L’opinion publique pressentait aussi que Nabil Karoui prenait une nouvelle envergure, et s’interrogeait sur l’acharnement de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) à suspendre la diffusion de Nessma TV en avril 2019, sans déployer un effort similaire à l’égard d’autres chaînes dans la même situation. Une attitude considérée comme un harcèlement, d’autant que la chaîne donnait une importante visibilité à l’association Khalil Tounes, qui vient en aide aux plus démunis et que Nabil Karoui a créé en mémoire de son fils disparu en 2016.

« Robin des bois »

Dans son intervention télévisée, Karoui a voulu jouer la transparence, assurant que les Tunisiens avaient le droit de savoir qui seraient les candidats en lice, mais aussi leurs intentions. Il a déclaré fonder son approche sur une promesse simple : éradiquer la pauvreté. Ses détracteurs l’ont aussitôt surnommé « Robin des bois », rappelant qu’il avait été soupçonné d’évasion fiscale.

S’il a pu faire tout ce qu’il a fait avec une association, imaginez ce qu’il peut faire en conduisant l’État

Mais pour certaines personnes démunies que Khalil Tounes a secourues, cet engagement est crédible. « S’il a pu faire tout ce qu’il a fait avec une association, imaginez ce qu’il peut faire en conduisant l’État », pouvait-on lire lundi soir sur les réseaux sociaux. La décision de Karoui a été perçue comme d’autant plus intéressante qu’il a sillonné depuis trois ans avec son association la Tunisie dite profonde, celle des marginalisés, oubliés des pouvoirs publics.

Pour les « invisibles », « la situation est tellement dégradée que les revendications les plus simples sont devenues un rêve impossible », a asséné Karoui. En évoquant le droit à une vie digne et décente, il vise ainsi les plus démunis, mais aussi une classe moyenne dont les moyens s’amenuisent.

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Appel à une « révolution à travers les urnes »

« Convaincu que lors des prochaines échéances électorales, on assistera à une révolution, mais cette fois-ci à travers les urnes », Nabil Karoui, qui assure ne pas avoir de problèmes avec les partis, a annoncé qu’il se lançait dans la course à Carthage, mais aussi à l’Assemblée des représentants du peuple. Il affirme avoir déjà un programme, visant à « donner la possibilité aux Tunisiens d’être heureux et de rêver », précisant que cette feuille de route a été élaborée par des compétences nationales dont il n’a pas révélé l’identité.

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Celui qui était perçu jusqu’à maintenant comme le trublion du paysage audiovisuel tunisien se présente aujourd’hui comme leader d’un mouvement « nullement populiste, mais plutôt populaire ». Avec un discours simple, il augmente ses chances, mais en appelle aussi à la responsabilité des citoyens.

« Avec toutes ces évolutions connues par le pays, nul n’a plus l’excuse de l’ignorance. L’avenir de la Tunisie est entre vos mains. Vous en êtes responsables. Continuez à vous inscrire sur les listes électorales pour changer les choses, pour choisir et pour mettre en place un projet d’avenir à même de rétablir l’espoir et la confiance », a exhorté le candidat désormais déclaré.

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