Football : cinq matchs d’anthologie qui ont marqué l’histoire de la CAN

Vieille de soixante-deux ans, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) a été le théâtre de matchs qui sont restés dans les mémoires. Jeune Afrique en a sélectionnés cinq parmi les plus marquants de la compétition.

Les ex-footballeurs des Léopards vainqueurs de la CAN en 1968 et en 1974, ici à Kinshasa, le 17 septembre 2016 (image d’illustration). © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Les ex-footballeurs des Léopards vainqueurs de la CAN en 1968 et en 1974, ici à Kinshasa, le 17 septembre 2016 (image d’illustration). © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Alexis Billebault

Publié le 3 juin 2019 Lecture : 5 minutes.

CAN 1972 au Cameroun
Mali-Zaïre : 4-3, après prolongations

Pendant que le Cameroun s’incline à Yaoundé face au Congo (0-1), sous les yeux horrifiés de ses supporters, le Mali et le Zaïre offrent à Douala un spectacle de haut niveau dans cette seconde demi-finale de la CAN 1972. Les Maliens, qui ont franchi le premier tour sans gagner un match, sont privés de Salif Keïta, leur meilleur joueur, blessé. Et les Léopards, qui comptent parmi eux quelques champions d’Afrique 1968, sont considérés comme les favoris de cette confrontation.

À la mi-temps, les deux équipes sont à égalité, Traoré ayant rapidement répondu à Ntumba. Les Aigles prennent même l’avantage à la 48e minute grâce à Fantamady Keita, mais se font rejoindre à l’heure de jeu sur un but d’Etepé.

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Bako Touré croit avoir offert la qualification au Mali, mais les Zaïrois parviennent à arracher la prolongation grâce à Ngassebe, à dix minutes de la fin. Pourtant, Fantamady Keita, qui finira meilleur buteur de la compétition, permet au Mali, dans les premières minutes de la prolongation, de disputer sa première – et unique – finale de CAN, face au Congo-Brazzaville (2-3).

CAN 1974 en Égypte
Égypte-Zaïre : 2-3 en demi-finale

L’Égypte n’a plus été championne d’Afrique depuis 1959. Quinze ans plus tard, les Pharaons entendent bien redevenir la première puissance africaine en matière de football. Après un premier tour bien ficelé (trois matchs, trois victoires), ils abordent cette demi-finale face aux Léopards zaïrois avec une certaine confiance.

Ce 9 mars 1974, alors que le Stade international du Caire n’est pas plein, tout semble aller dans le bon sens : Mwepu marque contre son camp (41e), puis Abo Greisha, à l’issue d’une action individuelle, trompe le gardien zaïrois d’une frappe du droit (54e).

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Les Égyptiens se voient-ils trop beaux ? Toujours est-il que sur le coup d’envoi, Mulamba perfore une défense locale un peu trop passive pour réduire le score. Puis Mantantu, le milieu de terrain de Motema Pembe, égalise à l’heure de jeu.

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Les Léopards, qui ont pris l’ascendant psychologique, assomment définitivement les Pharaons sur une frappe puissante de Mulamba, malgré un angle fermé (71e). Les Zaïrois, qui se sont qualifiés quelques mois plus tôt pour la Coupe du Monde 1974 en RFA – et qui tournera au désastre – seront sacrés champions d’Afrique le 14 mars face à la Zambie (2-0).

CAN 1980 au Nigeria
Algérie-Égypte : 2-2, 4-2 aux t.a.b

Les confrontations entre l’Algérie et l’Égypte sont souvent passionnées et parfois explosives. Celle de ce 19 mars 1980 n’a pas échappé pas à la tradition. Ce jour-là, seuls 5 000 spectateurs se sont déplacés au Liberty Stadium au Nigeria, préférant polariser leur attention sur l’autre demi-finale entre les Super Eagles nigérians et le Maroc, programmée à Lagos (1-0).

Les Fennecs algériens, qui ont fait chuter leur voisin marocain au premier tour (1-0), voient la perspective de disputer la première finale de leur histoire quand El Sayed, après l’ouverture du score en première mi-temps de Mahmoud Al-Khatib, la star des Pharaons et d’Al-Ahly, inscrit le second but à la 47e minute.

D’abord abattus pendant quelques minutes, les Algériens réagissent rapidement, et réduisent l’écart grâce à un penalty d’Assad (55e) avant d’égaliser grâce à Benmiloudi – qui décédera un an plus tard lors d’un match de championnat. La prolongation, qui ne donne rien, oblige les deux équipes à se départager aux tirs au but. L’Algérie se montre plus adroite dans cet exercice (4-2). Mais fatigués par cette demi-finale harassante, les Fennecs exploseront en finale contre le Nigeria trois jours plus tard (0-3).

CAN 2006 en Égypte
Côte d’Ivoire-Cameroun : 1-1 (12-11 aux t.a.b.)

La Côte d’Ivoire a éliminé le Cameroun lors des qualifications pour la Coupe du monde allemande, et les Lions Indomptables misent beaucoup sur ces quarts de finale pour prendre leur revanche. Le Military Stadium, garni de 4 000 spectateurs, sonne creux ce 4 février 2006. Les deux équipes, considérées comme les deux principales favories derrière l’Égypte, se rendent coup pour coup. Le spectacle n’est pas toujours très emballant, mais le suspense est là.

À la fin du temps réglementaire, le score est toujours de 0-0. Pas pour longtemps : après deux minutes de jeu dans la première prolongation, Bakary Koné reprend un tir repoussé par la barre transversale et libère son équipe (92e). Les Ivoiriens ne savourent ce but que trois minutes, le temps pour le remplaçant camerounais Meyong Zé d’égaliser d’une frappe à bout portant.

Le score ne bougera plus et l’Afrique s’apprête alors à vivre une incroyable et interminable séance de tirs au but. Les onze premiers tireurs de chaque équipe ont réussi leur tentative quand Samuel Eto’o, le capitaine des Lions indomptables, envoie le ballon au-dessus du cadre de Tizié, le gardien des Éléphants. Vient le tour de Didier Drogba : la star ivoirienne parvient à tromper Hamidou, le portier camerounais, et qualifie les siens. La Côte d’Ivoire ne connaîtra pas la même réussite en finale face à l’Égypte, s’inclinant 0-0, 2-4 aux t.a.b.

CAN 2010 en Angola
Angola-Mali : 4-4, premier tour

Les matchs d’ouverture sont rarement enthousiasmants. Celui de 2010, entre les Palancas Negras angolaises et les Aigles maliens, a pourtant fait exception à la règle. Par son score d’abord (4-4), inédit à ce niveau. Mais aussi en raison d’un scénario invraisemblable. Les Angolais marquent deux fois en première mi-temps par le biais de deux têtes de Flavio (36e et 42e). Les Maliens sont à terre, et Mamadou Bagayoko concède un penalty que Gilberto transforme (3-0, 67e). Puis Seydou Keita est à l’origine d’un nouveau penalty que Manucho ne manque pas (4-0, 74e).

>>> À LIRE – CAN-2010-Angola-Mali: un nul en fanfare qui rend au sport ses droits

La défaite tourne à la débâcle pour les Aigles. Sur son banc, Stephen Keshi, leur sélectionneur nigérian, est dépité… sans se douter qu’il va assister à l’incroyable retour de son équipe. Seydou Keita, à la suite d’un cafouillage (79e), puis Kanouté d’un coup de tête (88e), ramènent le score à des proportions plus acceptables. Keita redonne espoir aux siens d’une reprise du pied gauche lors du temps additionnel (90e + 3).

Et l’impensable intervient à vingt secondes de la fin du match, quand Mustapha Yatabaré reprend de près un ballon repoussé par le gardien angolais. Les Lusophones se consoleront en atteignant les quarts de finale. Pas les Maliens, éliminés au premier tour. Non sans avoir marqué l’histoire de la CAN.

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