Guinée : Alexandre Brégadzé, ex-diplomate devenu ambassadeur du géant de l’aluminium Rusal
À 67 ans, l’ex-ambassadeur russe en Guinée Alexandre Brégadzé a quitté ses fonctions diplomatiques pour devenir chef de mission du géant russe de l’aluminium Rusal en Guinée.
Il suffit parfois de la phrase de trop pour faire parler de soi. Alexandre Brégadzé semble en avoir fait les frais le 19 janvier dernier. Devant un parterre de diplomates, l’ex-ambassadeur de la Fédération de Russie en Guinée et en Sierra Leone a frôlé l’incident diplomatique. S’exprimant en tant que doyen du corps diplomatique, il avait déclaré que « les Constitutions ne sont ni dogmes, ni Bible, ni Coran, mais s’adaptent à la réalité ».
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La Guinée étant traversée depuis quelques mois par la question de la révision constitutionnelle, ses paroles avaient provoqué un tollé dans le pays. L’opposition et la société civile guinéenne étaient alors montées au créneau, dénonçant une « violation de la souveraineté nationale ».
Conséquence ou non, l’ambassadeur Brégadzé a quitté ses fonctions le 4 mars, remplacé par Vadim Vladilenovich Razumovskiy, auparavant vice-directeur du département Afrique au sein du ministère russe des Affaires étrangères.
Soutien politique et partenariats économiques
Fervent supporter du président de la République guinéenne Alpha Condé, ce diplomate âgé de 67 ans a débuté sa carrière en tant qu’architecte, faisant même partie de l’Union des architectes de Russie soviétique.
En parallèle, il fait ses classes à l’Académie diplomatique auprès du ministère des Affaires étrangères de l’URSS, où il intègre le département Europe. En 1976, il est affecté pour son premier poste au service culturel de la représentation soviétique à Paris.
Quand on dirige Rusal-Guinée, on est très puissant
Alexandre Brégadzé prend fonction comme ambassadeur en Guinée en janvier 2011, peu après l’élection du président Alpha Condé. Certains de ses confrères le décrivent alors comme un personnage transgressif en raison de ses prises de position favorables au pouvoir en place. L’ambassadeur s’attelle également à renforcer les partenariats économiques entre les deux pays, dont la reprise – sous son mandat – par Rusal « avec l’appui du gouvernement guinéen » des activités de la raffinerie de bauxite et d’aluminium de Friguia, implantée dans la ville de Fria (Ouest).
Chantiers à Kindia, Friguia et Dian-Dian
Rusal, l’un des plus gros producteurs d’aluminium au monde, est implantée en Guinée à travers la Compagnie de bauxites de Kindia (CBK), le complexe de production d’aluminium de Friguia et celui de Dian-Dian.
Il a par ailleurs investi, à hauteur de dix millions de dollars, dans la construction du Centre de recherche en épidémiologie-microbiologie et des soins médicaux (Crems) de Kindia, après l’épidémie de fièvre à virus Ebola qui a frappé le pays. « Quand on dirige Rusal-Guinée, on est très puissant », confie un cadre de la filiale de l’entreprise russe. Entré en fonctions le 22 mai dernier en tant que chef de mission chez Rusal Guinée, Alexandre Brégadzé devra faire face à de nombreux défis.
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Selon un communiqué diffusé par la société russe, l’ex-diplomate va diriger tous les projets gérés par la Compagnie de bauxite de Kindia, et supervisera le lancement de la deuxième ligne de production de l’usine d’aluminium de Friguia.
En juin 2018, Rusal a achevé la première phase du projet de développement du gisement de bauxite de Dian-Dian, situé dans la région minière de Boké (Nord-Ouest). Ce projet, initié en 2014, avait nécessité un investissement de 220 millions de dollars, permettant selon ses dirigeants la « mise en service d’une mine contenant trois millions de tonnes de bauxite ». L’une des principales missions d’Alexandre Brégadzé sera d’accélérer l’exploitation de cette zone minière.
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