Menaces sur l’Agoa et ExIm Bank, les outils de la politique américaine en Afrique

Le Congrès américain pourrait saper les ambitions de Barack Obama de relancer les relations économiques avec l’Afrique, en démantelant quelques-unes des institutions clés pour leurs échanges. Explications. 

Siège de l’ExIm Bank à Washington. © AFP

Siège de l’ExIm Bank à Washington. © AFP

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Publié le 5 août 2014 Lecture : 2 minutes.

Pour ce premier sommet États-Unis-Afrique de l’Histoire, organisé du 4 au 6 août à Washington, Barack Obama a l’ambition de relancer les relations américaines, notamment économiques, avec le continent. Mais au niveau interne, il est contraint de se battre pour préserver quelques-uns des plus anciens outils, conçus par ses prédécesseurs, pour favoriser les échanges avec l’Afrique.

Au centre des débats, l’African growth and opportunity act (Agoa), qui faisait l’objet d’un forum au niveau ministériel, dans l’enceinte de la Banque mondiale, le lundi 4 août, en marge du sommet. Cette loi votée sous Bill Clinton permet à la plupart des pays du continent d’exporter leurs produits sur le marché américain avec une exemption de droits de douane. Problème : ce programme arrivera à expiration en 2015.

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« Les Africains sont tous plus ou moins d’accord : ils veulent une reconduction de 15 ans de cette loi, avec des ajustements à la marge pour faciliter les formalités et l’ouvrir davantage aux pays francophones », explique un participant du forum, qui n’était pas ouverte à la presse.

Congrès divisé

Malgré l’attachement de l’administration Obama à ces dispositions, elle ne pourra annoncer aucune décision ferme sur son avenir d’ici à la fin du sommet. Et pour cause : la décision appartient au Congrès, lequel est divisé sur cette question. Certains de ses membres s’offusquent en effet que les entreprises américaines ne bénéficient pas des mêmes avantages, sur le continent africain, que certains autres blocs régionaux, tels l’Union européenne et la Chine.

Autre critique récurrente : certaines entreprises non-africaines se servent du continent comme d’une plateforme pour exporter vers les États-Unis en bénéficiant des avantages qui lui sont réservés. C’est par exemple le cas d’entreprises chinoises et suédoises du textile, qui ont délocalisé une partie de leur production en Éthiopie. Ou encore de l’industrie automobile allemande, qui exporte vers les États-Unis à partir de ses usines sud-africaines.

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« C’est précisément pourquoi les Américains doivent investir en Afrique, répond Makhtar Diop, le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, dans une interview accordée à Jeune Afrique. Plutôt que d’en vouloir à ce programme, il faut qu’ils se posent la question : pourquoi certains prennent ce risque et pas nous ? »

Le sort d’ExIm bank

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Mais il est une question encore plus pressante : celle de la Banque d’import-export des États-Unis (ExIm bank). Cet établissement public, fondé en 1945, propose des garanties et assurances aux acteurs économiques étrangers afin qu’ils puissent acheter des biens et services américains.

Cette institution est essentielle pour les gros achats africains de produits américains. L’avionneur Boeing ou encore la multinationale General Electric, qui est un acteur majeur du plan « Power Africa » annoncé par Barack Obama l’année dernière, figurent parmi ses principaux bénéficiaires. Mais elle pourrait être dissoute dès septembre prochain si le Congrès ne prend pas la décision de la prolonger. « C’est un élément important pour les investissements américains en Afrique, assure Makhtar Diop. Son absence affecterait la capacité des États-Unis à investir en Afrique ».

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Pierre Boisselet, envoyé spécial à Washington

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