[Chronique] L’homme à la clope derrière l’oreille

Comme tout le monde, j’ai mis du temps à me faire une idée claire de ce fameux mouvement des gilets jaunes né en France et qui a connu des imitations, plus ou moins réussies, un peu partout dans le monde.

Des manifestants gilets jaunesdéfilant à Paris, le 12 janvier 2019. © Thibault Camus/AP/SIPA

Des manifestants gilets jaunesdéfilant à Paris, le 12 janvier 2019. © Thibault Camus/AP/SIPA

Fouad Laroui © DR

Publié le 31 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Au départ, ces gens protestaient parce qu’à cause de nouvelles taxes ils ne pouvaient plus payer leur essence alors que la voiture leur était indispensable pour se rendre à leur travail. On pouvait comprendre leur désarroi. D’autres revendications semblaient tout aussi légitimes. Et puis, petit à petit, c’est devenu plus flou. On ne comprenait plus grand-chose à ce mouvement. Personnellement, je ne savais plus. Méritaient-ils notre sympathie ? Oui, non ? Et puis, il y eut cette image.

La télé interviewait un des leaders du mouvement. Je ne me souviens plus de ce qu’il disait, probablement tout et son contraire, parce qu’un détail me fascinait : cet homme avait une cigarette calée derrière l’oreille. (Je n’avais plus vu cet exercice d’équilibriste depuis les films de Brando ou les petits délinquants du Casablanca de mon adolescence.) Il faudrait le talent du regretté Roland Barthes dans ses Mythologies pour analyser la sèche-derrière-la-feuille comme il le fit du steak-frites ou de la 2 CV. En attendant, tout le mouvement des gilets jaunes se réduisit pour moi à cette alternative : qui pour diriger la France, Emmanuel Macron ou l’homme-à-la-clope-­vissée-derrière-l’oreille (appelons-le Dédé, ça prendra moins de place) ?

Bien s’informer, mieux décider

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