Saïd Sahnoune : cette fois, c’est le bon ?

Cinquième patron en cinq ans pour la Sonatrach ! Après un énième limogeage, c’est un ingénieur maison qui prend les rênes de la compagnie pétrolière algérienne… à titre intérimaire.

Sonatrach connaît son cinquième patron en cinq ans. © DR.

Sonatrach connaît son cinquième patron en cinq ans. © DR.

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Publié le 5 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Patron de la Sonatrach, une fonction à hauts risques. Depuis le limogeage de Mohamed Meziane en janvier 2010 à la suite du scandale de corruption présumée qui a éclaboussé la compagnie pétrolière algérienne, le poste de PDG est un véritable siège éjectable.

Abdelhamid Zerguine, 64 ans, l’a vérifié à ses dépens, tout comme ses deux prédécesseurs, Abdelhafid Feghouli et Noureddine Cherouati, respectivement révoqués en 2010 et 2011. Nommé le 17 novembre 2011, Abdelhamid Zerguine a été débarqué sans ménagement, le 26 juillet, sur ordre du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika.

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En l’absence de motifs officiels justifiant ce limogeage brutal, chacun y est allé de sa petite musique. Divergences et incompatibilité d’humeur avec Youcef Yousfi, le ministre de l’Énergie et des Mines ; défaillances dans la gestion des affaires de la compagnie ; interventionnisme supposé d’un influent homme d’affaires réputé proche du cercle présidentiel… Diverses supputations sont avancées pour tenter d’expliquer l’éviction d’Abdelhamid Zerguine, sans pour autant lever le mystère.

Polyglotte

Un mystère qui nimbe aussi le parcours de son successeur à titre intérimaire, Saïd Sahnoune, jusqu’alors vice-président de la Sonatrach chargé de l’activité amont (forage, exploration, recherche et développement) – soit le coeur de la compagnie publique, premier groupe du continent avec 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Originaire de Kabylie mais ayant grandi à Alger, cet homme de 59 ans est un enfant de la maison.

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De cet ingénieur qui a fait ses études à l’Institut algérien du pétrole (IAP) puis au Canada, ses collègues, anciens et actuels, esquissent un portrait plutôt flatteur. Humble, discret, polyglotte, sans accointances politiques, ce père de deux enfants est, dit-on, un excellent technicien.

« Je ne doute pas des compétences de Sahnoune pour diriger la Sonatrach, confie un ancien PDG de l’entreprise qui souhaite rester anonyme. Et bien qu’il soit hautement qualifié, je pense qu’il s’entourera de mille et une précautions avant de prendre des décisions qui engagent le présent et l’avenir de la compagnie. Que cette dernière ait eu neuf patrons en quinze ans n’est pas de nature à le rassurer, lui, ni le staff dirigeant et les partenaires étrangers. »

Réticences

L’arrivée de Saïd Sahnoune intervient dans une période difficile pour la Sonatrach, qui assure 98 % des recettes en devises de l’Algérie. Les condamnations à la prison ferme prononcées contre certains de ses anciens dirigeants, ainsi que les enquêtes judiciaires ouvertes en Algérie et en Italie autour des scandales de corruption, ont passablement terni son image.

À ce tableau sombre s’ajoutent une baisse constante de la production (- 20 % depuis 2006), l’absence de découvertes majeures de gisements de pétrole, l’exode des cadres hautement qualifiés vers les firmes américaines, qataries ou britanniques – qui les paient beaucoup mieux – et les réticences des groupes internationaux à investir dans le Sud algérien en raison du climat sécuritaire lié à l’attaque terroriste de janvier 2013 sur le site gazier d’In Amenas.

Enfin, le statut d’intérimaire pourrait fragiliser le nouveau PDG s’il devait durer. « Plus vite il sera confirmé, plus vite il disposera des pouvoirs et de la légitimité indispensables pour imposer sa stratégie », analyse un autre ancien patron du groupe. Le défi est d’autant plus grand que la compagnie vient de se doter d’un plan d’investissement quinquennal de 76 milliards d’euros, dont 60 % pour la branche amont. Ce coeur de Sonatrach que Saïd Sahnoune connaît si bien.

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