Étienne Tshisekedi inhumé près de Kinshasa au terme d’une cérémonie hautement politique
L’opposant historique Étienne Tshisekedi a été inhumé samedi 1er juin, près de Kinshasa. La cérémonie s’est déroulée au stade des Martyrs, dans la capitale congolaise, en l’absence de l’ex-président Joseph Kabila et des principales figures d’opposition. La plupart des chefs d’État des pays voisins ont, en revanche, fait le déplacement.
Étienne Tshisekedi à Kinshasa : le dernier voyage de l’opposant historique
Le retour de la dépouille d’Étienne Tshisekedi, le 30 mai à Kinshasa, a marqué le début de trois jours de célébrations qui se terminent ce samedi par l’inhumation de l’opposant historique congolais, en présence de plusieurs chefs d’État africains. Il marque aussi la fin de deux années d’attente pour ses partisans et ses proches, dont son fils, devenu président de la République.
Étienne Tshisekedi est désormais enterré. Mais l’esprit de contestation, si longtemps incarné par cet opposant congolais, est bien vivant. Au cours de la cérémonie en son honneur, au stade des martyrs de Kinshasa ce samedi 1er juin, ses partisans, venus en nombre lui rendre un dernier hommage, ont donné de la voix à plusieurs reprises.
Contre Joseph Kabila d’abord, cible de chants particulièrement virulents. Puis contre les dignitaires du gouvernement (le Premier ministre, ses prédécesseurs, la présidente de l’Assemblée nationale, le président de la Commission électorale nationale indépendante…) pour la plupart issus de son régime. Ces derniers ont été traités de « voleurs » par la foule, alors qu’ils se trouvaient sur le tapis rouge avant de déposer une gerbe sur le cercueil du défunt.
Absence de Kabila et des opposants les plus en vue
Kabila, dont la venue était un temps annoncée comme « possible » par son entourage, n’a finalement pas fait le déplacement. Aucun des opposants les plus en vue n’était non plus présent : ni Moïse Katumbi, qui a pourtant effectué un éphémère retour d’exil le 20 mai, ni Jean-Pierre Bemba, qui réside en Belgique, ni Martin Fayulu, qui était, lui, à Kinshasa. Aucun n’avait reçu l’invitation qu’ils demandaient, ont-ils expliqué. Le leader katangais Gabriel Kyungu, qui fut, comme Tshisekedi, l’un des treize parlementaires à avoir défié le maréchal Mobutu Sese Seko, était en revanche présent.
Personne n’aura donc fait de l’ombre au président Félix Tshisekedi, fils du défunt, au cours de ces trois jours de cérémonie. Avec l’aide de la Radio télévision nationale du Congo (RTNC) et des multiples panneaux publicitaires et banderoles à la gloire de son père, ses partisans auront distillé l’idée que son arrivée à la présidence était l’aboutissement du combat de son géniteur, surnommé pour l’occasion « père de la démocratie », et élevé au statut de « grand cordon » de l’ordre des héros nationaux Lumumba-Kabila ce samedi 1er juin.
Félix Tshisekedi renforcé
Opposant intransigeant, Étienne Tshisekedi n’était pourtant pas adeptes des compromis. Et il n’est pas certain qu’il aurait approuvé ceux que la présidence est actuellement contrainte de passer avec la majorité, dominée par Joseph Kabila, pour pouvoir gouverner…
>>> À lire – RD Congo : Étienne Tshisekedi, l’irremplaçable opposant
Félix Tshisekedi sort néanmoins renforcé de ces trois jours, notamment du fait de la présence de la plupart des chefs d’État des pays voisins. L’Angolais João Lourenço et le Rwandais Paul Kagame sont venus à Kinshasa vendredi 31 mai. Ils ont tenu une réunion tripartite avec Félix Tshisekedi, qui doit lancer un nouvel axe de coopération Luanda, Kinshasa, Kigali en matière économique et sécuritaire. Les trois chefs d’État se sont ensuite rendus au stade des martyrs, alors à moitié rempli, pour une cérémonie non prévue au programme.
Ils y ont tous trois été applaudis avant de fleurir le cercueil d’Étienne Tshisekedi, puis de quitter la capitale congolaise (les présidents angolais et rwandais n’ont pas passé la nuit à Kinshasa).
Le lendemain, le stade des martyrs accueillait plusieurs autres voisins du président : Denis Sassou Nguesso, du Congo-Brazzaville, arrivé la veille, Faustin Archange Touadéra, de Centrafrique et Edgard Lungu de Zambie. Le président togolais Faure Gnassingbé, pourtant annoncé par la présidence, n’est pas venu. L’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, arrivé la veille, était en revanche là et a déposé une gerbe de fleurs.
L’Ouganda était représenté par le vice-président, Edward Kiwanuka Ssekandi. Le ministre burundais des Affaires étrangères était pour sa part en ville, la veille. Parmi les neuf voisins de la RD Congo, la Tanzanie et le Soudan du Sud n’étaient donc pas représentés. Cela tranche avec l’investiture du 24 janvier dernier, où un seul chef d’État étranger était présent : le président Uhuru Kenyatta.
La cérémonie du 1er juin aura aussi été l’occasion pour l’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, qui prononçait l’absoute, de s’adresser directement au président. « Il vous revient à vous et à vos collaborateurs de parachever l’idéal socio-politique de votre père pour conduire le peuple congolais vers la terre promise […] de justice et de paix », a-t-il lancé.
>>> À lire – RDC – Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa : « Il faut aider Félix Tshisekedi »
Le cortège s’est ensuite dirigé vers la commune de la Nsele, dans la grande banlieue de Kinshasa, pour une dernière cérémonie, en présence de Denis Sassou Nguesso. Étienne Tshisekedi y a été inhumé, après la tombée de la nuit. Un gigantesque mausolée doit être érigé sur sa tombe, aux frais de l’État.
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Étienne Tshisekedi à Kinshasa : le dernier voyage de l’opposant historique
Le retour de la dépouille d’Étienne Tshisekedi, le 30 mai à Kinshasa, a marqué le début de trois jours de célébrations qui se terminent ce samedi par l’inhumation de l’opposant historique congolais, en présence de plusieurs chefs d’État africains. Il marque aussi la fin de deux années d’attente pour ses partisans et ses proches, dont son fils, devenu président de la République.
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