Conquête spatiale : l’Afrique veut décrocher la lune
Avec « Africa2Moon », la Fondation pour le développement spatial, basée au Cap, s’est lancée dans un projet ambitieux pour le continent: l’envoi sur la lune d’un engin spatial entièrement made in Africa.
Le but final du projet, qui pourrait mettre une décennie avant d’être atteint, est de mettre une sonde sur la lune ou en orbite autour de celle-ci, pour enregistrer et diffuser via internet des images satellites en direct dans les salles de classe partout en Afrique.
Les initiateurs d’Africa2Moon veulent également en faire une plateforme pour des expériences proposées par les scientifiques et combattre ainsi les clichés d’une Afrique pauvre et privée de technologie, clichés qui n’incitent pas à l’investissement, assurent les responsables du projet.
Stopper la fuite des cerveaux
Créée en 2009 par le chef du laboratoire spatial de l’Université du Cap, Peter Martinez, la fondation qui chapeaute le projet a aussi – et surtout – un objectif pédagogique : inspirer aux étudiants africains l’envie de poursuivre des études scientifiques et stopper la fuite des cerveaux de ceux qui sont déjà formés vers les pays développés.
Donner une indépendance spatiale à l’Afrique
"Il y a évidemment les savoir-faire et les talents ici, ainsi qu’un très grand intérêt", assure à l’AFP l’un des responsables d’Africa2moon, Adrian Tiplady. Il en veut pour preuve le dernier succès "spatial" de l’Afrique: l’installation en 2012 en Afrique du Sud d’une grande partie du radiotélescope international SKA.
>>Lire aussi : L’installation du plus puissant radiotéléscope mondial favorisera la recherche sur le continent
Pays leader du continent dans ce domaine, l’Afrique du Sud va mettre un autre pied dans l’espace grâce à Mandla Maseko. Lauréat du concours Space academy Lynx Appolo, le jeune homme de 25 ans va devenir cette année le premier astronaute africain noir.
>>Lire aussi le portrait de Mandla Masseko
Comme le Nigeria depuis 1999, le Congo, le Ghana, ou la Zambie dans les années 60, l’Afrique du Sud possédait déjà un programme de développement spatial sous le régime d’apartheid. Cette fois, Jonathan Weltman veut faire de son projet lunaire, un projet panafricain.
De quoi permettre au continent de jouer dans la cour des grands assure t-il dans The Guardian. “Africa2moon montrera aussi que l’espace est accessible à tout le monde, pas seulement aux Américains et aux Russes, mais aussi aux Africains".
“Afro-pessimisme”
Les scientifiques ont lancé une collecte de fonds sur internet pour financer l’étape de faisabilité, première phase du projet. La collecte a commencé très modestement. Ayant pour objectif de récolter 150 000 dollars d’ici fin janvier, seulement un peu plus de 13 000 dollars avaient été collectés lundi, à trois semaines du but.
Support the MOST INSPIRATIONAL program ever attempted for #STEM education in Africa. Deadline 31 Jan 15. #Africa2Moon http://t.co/LZ6KW4MecH
— Africa2Moon Mission (@africa2moon) 9 Janvier 2015
Une déception pour Jonathan Weltman, le directeur de la fondation :
"Nous sommes confrontés à beaucoup d’afro-pessimisme. Tout ce qui est optimiste, ce qui vise à nous tirer vers les secteurs de pointe, est reçu avec scepticisme. Mais je suis convaincu que l’Afrique peut le faire, sans aucun doute."
"La réaction des donneurs a été plus lente que prévu. Mais elle s’est accélérée dans les premiers jours de janvier”, assure t-il à l’AFP.
“Nous restons optimistes quant à nos chances d’atteindre notre but. Lors de cette campagne, ou grâce à d’autres appels de fonds que nous lancerons au premier trimestre."
>>Lire aussi: "The Afronauts", la photographe Cristina de Middel revisite de manière fictionnel la conquête spatiale de la Zambie
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