Côte d’Ivoire : à Béoumi, l’engrenage de la violence intercommunautaire

À Béoumi, à 60 kilomètres à l’ouest de Bouaké, les tensions restent vives, deux semaines après les affrontements intracommunautaires entre populations baoulé et malinké qui ont fait quatorze morts, une centaine de blessés et 500 déplacés. Reportage dans une ville où les appels au dialogue peinent à calmer des rancœurs tenaces exacerbées par des discours politiques enflammés.

Le maquis « O Baoulé » a été l’un des premiers bâtiments incendiés. © Vincent Duhem pour JA

Le maquis « O Baoulé » a été l’un des premiers bâtiments incendiés. © Vincent Duhem pour JA

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Publié le 3 juin 2019 Lecture : 7 minutes.

À quel moment un homme aveuglé par la haine et happé par la foule perd-il pied ? Comment et pourquoi un différend entre deux individus dégénère-t-il en un affrontement sanglant entre deux communautés ? Assis sur leur lit d’hôpital, au CHU de Bouaké, Jacques et Hamed sont loin de se poser ces questions. L’un est baoulé, l’autre malinké. Ils ont respectivement 8 et 15 ans, et tout ce qu’ils savent, c’est que le mercredi 15 mai, à la mi-journée, en revenant de l’école, des jeunes ont déversé de l’essence sur le bitume avant d’y mettre le feu. Jacques et Hamed sont brûlés au deuxième degré aux bras, au visage et aux jambes, et ne comprennent toujours pas exactement ce qui leur est arrivé.

D’une bagarre à des tirs de chevrotine

Les violences avaient commencé quelques heures plus tôt. Ce mercredi matin, une foule compacte circulait dans les travées du marché de Béoumi, qui sépare un quartier baoulé d’une enclave malinké. Comme tous les mercredis, on était venus de tout le département, vendre ou acheter pour le reste de la semaine.

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