Avec Ivorian Food, l’entrepreneuse Tatou Dembele fait vivre la cuisine ivoirienne

À 27 ans, l’Ivoirienne Tatou Dembele cartonne avec son site internet et l’application Ivorian Food, qui mettent à l’honneur la cuisine de son pays. Elle s’apprête à étoffer son équipe et investir de nouveaux locaux, plus grands et mieux adaptés aux projets qu’elle espère prochainement concrétiser.

Tatou Dembele, à l’origine de Ivorian Food. © DR

Tatou Dembele, à l’origine de Ivorian Food. © DR

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Publié le 5 juin 2019 Lecture : 4 minutes.

Le parcours de Tatou Dembele est celui d’une entrepreneuse déterminée et inspirée, qui a su transformer une simple page Facebook en une entreprise à succès en plein développement. Cette jeune ivoirienne de 27 ans est à la tête d’Ivorian Food, un site internet décliné en une application mobile, vitrine colorée de la cuisine ivoirienne que les internautes sont invités à découvrir « toujours dans la bonne humeur », d’après l’accroche de la page d’accueil. Les vidéos des recettes mises en ligne attirent en moyenne entre 100 000 et 150 000 gastronomes curieux, jusqu’à un demi-million de vues pour celle d’une préparation de beignets.

Au-delà des recettes de plats ivoiriens et africains, le site propose quelques astuces et des ateliers de cuisine. Et si 70% de l’audience est ivoirienne, la chef d’entreprise s’étonne et se ravit d’avoir des adeptes jusqu’en Russie ou au Kazakhstan.

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Preuve de sa réussite, les locaux de l’entreprise, situés dans le quartier cossu de Riviera Palmerai de Codody à Abidjan, sont aujourd’hui trop exigus. L’équipe va prochainement s’agrandir, passer de 4 à 6 personnes, et deux freelances sont en cours de recrutement pour aider à la réalisation des vidéos. « Nous sommes en plein déménagement, je suis fatiguée, mais j’ai hâte ! », confie Tatou Dembele, qui nous a donné rendez-vous dans un salon de l’hôtel Ivoire. Elle est intarissable sur son activité, bâtie « brique après brique », qu’elle porte avec passion depuis déjà plus de dix ans.

https://www.instagram.com/p/BwKF-x5Fu9n/

Des recettes pour rappeler la Côte d’Ivoire

C’est à 16 ans, encore lycéenne, qu’elle a l’idée d’Ivorian Food. Nous sommes en 2008 et l’adolescente, née à Abidjan, vient de poser ses valises au Canada après plusieurs années au Burkina Faso et en Tunisie, où la famille déménage au gré des mutations de son père, ingénieur en génie civil. « Je me sentais un petit peu seule et je me suis dit que ce serait intéressant de créer cette page Facebook sur laquelle je mettrais tout ce qui rappelle le pays, tout ce qui manque à la diaspora. Je mettais des photos de recettes ivoiriennes que je trouvais sur internet et je voyais que les gens aimaient cela, c’était fun », se souvient-elle. Et ça marche. Très vite, 50 000 personnes sont conquises par cette initiative.

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Quelques années plus tard, son double cursus universitaire en marketing et gestion des entreprises (elle possède un double master) lui ouvre les yeux sur le potentiel de cette page et de son audience. Elle décide d’en faire un blog : « Je voulais faire quelque chose de plus qualitatif, avec mes propres photos, mes propres recettes. J’ai alors pris conscience que j’allais donner de l’information qui allait être potentiellement répliquée. Il ne fallait pas que la tata qui me demande la recette du kedjenou de poulet [plat ivoirien incontournable, ndlr] se rate, il fallait que je sois capable de lui fournir une bonne recette. Je me suis donc mise à réaliser les plats chez moi, en suivant les conseils de ma maman, de mes copines. »

Beignets de mil, queue de bœuf grillée et ses frites d’igname, sauce aubergine, salade bassamoise…

Consciencieuse, mais sans formation de cuisinière, elle s’accorde deux ans pour peaufiner toutes les recettes et imaginer la charte graphique de son futur contenu. Au menu, donc, des beignets de mil, une queue de bœuf grillée et ses frites d’igname, une sauce aubergine ou encore une salade bassamoise…

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Pendant cette période, elle voit une autre de ses activités décoller. Peintre à ses heures perdues, son travail de portraitiste est remarqué sur les réseaux sociaux. La superstar ivoirienne Didier Drogba lui commande un tableau et relaie son acquisition sur ses propres réseaux. Dès lors, les demandes affluent, DJ Arafat ou le Nigérian Davido veulent eux-aussi leurs portraits. « C’était fou », se souvient-elle, précisant continuer à peindre mais pour elle-même.

De succès en succès

Ce tourbillon artistique ne la détournera pas de son objectif. Le blog sera lancé en 2013, très vite suivi du site internet, puis de l’application qu’elle a souhaité gratuite. Nouveau succès avec 50 000 téléchargements à son lancement en 2016.

« Ce qui est intéressant dans le processus entrepreneurial, c’est que tu apprends à faire énormément de choses par toi-même », explique Tatou Dembele, rentrée en Côte d’Ivoire il y a deux ans, qui a créé seule son site internet, appris à coder pour lancer l’application avec l’aide d’un ami et découvert le montage des vidéos en autodidacte. L’activité est aujourd’hui rentable, principalement grâce aux placements de produits de marque, et lui permet de rémunérer tous ses employés.

https://www.facebook.com/IvorianFood/photos/a.10157005286032378/10157005308152378/?type=3&theater

Morelle Gohou travaille au sein de l’entreprise depuis septembre 2018. Elle s’occupe de faire vivre la page de Facebook qui compte plus de 155 000 adeptes (73 000 sur Instagram). « C’est enrichissant de travailler avec elle. Elle peut être un peu stricte, surtout en ce qui concerne les fautes, mais l’ambiance reste cool, simple et décontractée », explique cette jeune collaboratrice, ravie de cet espace de liberté.

https://www.facebook.com/IvorianFood/photos/a.10152214215982378/10156299901567378/?type=3&theater

Nouveaux challenges

« La cuisine ivoirienne est riche, mais méconnue, surtout les plats régionaux. Mon prochain défi, ce sera de les faire découvrir en sillonnant le pays, dévoile dans un élan d’enthousiasme Tatou Dembele. Je voudrais commencer le plus tôt possible et rapporter tout cela dans mon nouveau studio ! »

Ce nouveau projet pourrait intéresser la télévision, des rencontres ont eu lieu avec des producteurs. Elle ne doute pas que ces vidéos verront d’une manière ou d’un autre le jour. « Je ne m’inquiète pas », dit-elle, sereine, alors qu’elle réfléchit à un nouveau challenge : après la cuisine, mettre en avant le potentiel touristique de son pays.

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