Présidentielle en Mauritanie : Messaoud Ould Boulkheir soutient le candidat du pouvoir

Messaoud Ould Boulkheir, leader historique de la lutte antiesclavagiste et ancien président de l’Assemblée nationale, a apporté son soutien à Mohamed Ould Ghazouani, le candidat du pouvoir à la présidentielle de juin prochain.

Messaoud Ould Boulkheir, patron de l’Alliance populaire progressiste (APP). © Capture écran/YouTube/CridemClaude

Messaoud Ould Boulkheir, patron de l’Alliance populaire progressiste (APP). © Capture écran/YouTube/CridemClaude

Publié le 3 juin 2019 Lecture : 3 minutes.

Dans un bureau de vote de Nouakchott, en Mauritanie, en 2014 (photo d’illustration). © Ahmed Mohamed/AP/SIPA
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Présidentielle en Mauritanie : Ghazouani proclamé vainqueur, l’opposition conteste

Mohamed Ould Ghazouani, dauphin désigné du président sortant, Mohamed Ould Abdelaziz, a été donné vainqueur du scrutin présidentiel du 22 juin par la commission électorale. Un résultat contesté par plusieurs candidats de l’opposition. Retrouvez tous nos articles sur la campagne électorale et les enjeux de cette présidentielle.

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À Nouakchott, cette annonce était attendue depuis plusieurs semaines. Sans surprise, Messaoud Ould Boulkheir, 75 ans, a annoncé, le 2 juin lors d’un meeting au Ksar, son soutien au candidat du pouvoir, Mohamed Ould Ghazouani, lors de l’élection présidentielle du 22 juin. Le patron de l’Alliance populaire progressiste (APP), qui fut le président de l’Assemblée nationale, a reçu à plusieurs reprises ces dernières semaines l’ex-chef d’état-major à son domicile. Leur dernière entrevue remonte à début mai.

« Messaoud estime que Ghazouani est très poli, à l’écoute et qu’il a de la considération pour les autres », rapporte l’un de ses proches. S’il a déclaré que Ghazouani incarnait à ses yeux la stabilité du pays, il se retrouve aussi dans le programme de ce dernier. « L’école, les exclus, les jeunes ou encore les femmes font depuis toujours partie de ses priorités. »

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Après s’être longtemps battu, en vain, pour que l’article de la Constitution – qui fixe à 75 ans la limite d’âge pour être candidat à la présidentielle – soit modifié, Messaoud Ould Boulkheir s’était aussi, semble-t-il, fait une raison. Au sein du parti, on assure que ce ralliement, décidé par le bureau exécutif, était concerté. « Il est vrai qu’il a un caractère bien trempé, mais il est très démocrate et ouvert aux débats. »

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Un profil qui dérange au sein de l’opposition

Ces dernières années, Messaoud Ould Boulkheir s’est souvent senti incompris. L’opposition, qui considère le président du Conseil économique et social comme un « vendu au pouvoir », cumule en effet les griefs à son encontre : son soutien à Sidi Ould Cheikh Abdallahi et non à Ahmed Ould Daddah en 2007 ; sa participation aux dialogues successifs engagés avec le pouvoir depuis 2011 ou encore son appui aux candidats de l’Union pour la République (UPR, au pouvoir) au second tour des élections législatives de 2013 et 2018. Pour preuve, il n’a pas été associé aux négociations sur une candidature unique à la présidentielle.

« Il a dialogué avec le pouvoir et nous ne le considérons plus comme un opposant depuis bien longtemps », affirme un responsable de l’Union des forces de progrès (UFP). Mohamed Ould Abdelaziz, quant à lui, n’a jamais donné suite à ses initiatives. En octobre 2012, il avait déposé à la présidence un projet de gouvernement d’union nationale et n’a jamais eu de réponse.

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Militant

Même scénario fin 2018, après avoir suggéré une « feuille de route », dans laquelle il formulait une série de propositions en vue de favoriser une alternance au pouvoir. « En politique, il n’y a pas de place pour les sentiments, on négocie et très fort ! rétorque l’APP. En 2008, Messaoud a condamné le putsch de Mohamed Ould Abdelaziz puis il a dialogué, mais dans la lignée des accords de Dakar signés en 2009. Il est un Haratine qui jouit d’une notoriété inédite en Mauritanie, et cela dérange. »

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Chantre de la cause des Haratines, les descendants d’esclaves, Ould Boulkheir a en effet milité pour leurs droits au sein du mouvement El Hor, fondé en 1978. Réputé pour son franc-parler, voire pour son caractère sanguin, il a participé en 1991 à la création du Front démocratique uni pour le changement, avant de contribuer à la formation de l’Union des forces démocratiques (UFD), et de se présenter comme une alternative aux militaires.

En 1992, pour la première véritable présidentielle de l’histoire du pays, l’opposition avait opté pour une candidature unique et envoyé son vieux rival Ahmed Ould Daddah face à Maaouiya Ould Taya. Après avoir boycotté ce même scrutin en 1997, il s’est présenté à ceux de 2003 et 2007. En 2009, il était arrivé second avec 16,29% des voix.

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