Ebola : un arsenal thérapeutique balbutiant

S’il n’existe aucun traitement ni vaccin homologué contre le virus, la recherche scientifique progresse.

Des chercheurs canadiens tentent de concevoir un vaccin. © MICHEL COMTE / AFP

Des chercheurs canadiens tentent de concevoir un vaccin. © MICHEL COMTE / AFP

Publié le 6 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Quels sont les traitements administrés ?

Face à la gravité de la situation, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé qu’un usage de traitements expérimentaux était acceptable à titre exceptionnel. Le ZMapp, un cocktail de trois anticorps développé par l’américain Mapp Biopharmaceutical, a ainsi été administré, entre autres, aux deux Américains et au prêtre espagnol rapatriés du Liberia en août (ce qui n’a pas empêché son décès).

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Parmi les autres traitements figurent le brincidofovir, de l’américain Chimerix, et l’Avigan (le favipiravir ou T-705), du japonais Toyama Chemical, qui a annoncé son intention d’augmenter les réserves de cet antigrippal, dont il pourrait produire quelque 300 000 comprimés. Les espoirs reposent aussi sur le TKM-Ebola, du canadien Tekmira. Problème : le nombre de doses de ces différents traitements disponibles est infime au regard des besoins. Et leur production à grande échelle implique davantage d’essais cliniques. L’OMS a également suggéré d’utiliser le sang de patients guéris, leur système immunitaire ayant produit des anticorps.

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Où en sont les vaccins ?

Depuis la découverte du virus, en 1976, la recherche ne s’y est jamais intéressée, en raison de son faible potentiel commercial. Mais avec l’épidémie actuelle, la donne a changé. Parmi les vaccins candidats, deux sont prometteurs, selon l’OMS. Le premier, développé par le britannique GlaxoSmithKline, est testé sur des volontaires aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Mali, et pourrait être injecté à des groupes prioritaires dès janvier 2015 en Afrique de l’Ouest. Les espoirs reposent aussi sur celui de l’Agence de la santé publique du Canada, à Winnipeg. Le 20 octobre, le gouvernement canadien en a livré 800 doses à l’OMS, et les résultats des premiers essais sur l’homme devraient être connus en décembre. 

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Comment accélérer le processus ?

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L’urgence a permis de court-circuiter les essais cliniques traditionnels. En août, les experts sollicités par l’OMS ont donné leur feu vert à la procédure d’exception, en plaçant des garde-fous théoriques : "Une transparence absolue quant aux soins, un consentement informé, la liberté de choix, la confidentialité, le respect des personnes, la préservation de la dignité et l’implication des communautés." Validée par l’OMS et l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA), cette procédure "compassionnelle" permet de sauter des étapes dans le développement de traitements et de vaccins – avec son lot de zones d’ombre quant à l’efficacité et l’innocuité des produits.

En attendant, comment les patients sont-ils pris en charge ?

La déshydratation résultant des diarrhées et des vomissements étant souvent la première cause de décès, une combinaison d’actions de réhydratation (comprenant des sels minéraux), et d’administration d’antalgiques, d’antivomitifs, voire d’antibiotiques, pour éviter les infections secondaires est proposée aux malades placés en isolement.

Les tradipraticiens sont-ils associés ?

Alors que le président guinéen, Alpha Condé, a appelé tous les acteurs de santé du pays à s’impliquer dans la lutte, les représentants de la médecine traditionnelle se disent marginalisés. Le 17 octobre, à Coléah, Mamady Daman Traoré, le président de l’Association des guérisseurs et tradipraticiens de Guinée, a souligné la "nécessité d’impliquer les traitants traditionnels dans la lutte, ceux-ci recevant davantage de patients que les hôpitaux". Il s’agit avant tout de mener des campagnes de sensibilisation (modes de transmission, respect des consignes) pour rompre la chaîne de contamination.

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