Cameroun : Zang Adzaba et son Cardiopad, le coeur sur la main
Son invention pourrait sauver des vies… et a déjà bouleversé la sienne. À 26 ans, Arthur Zang Adzaba est le jeune papa du Cardiopad. Il a reçu le prix Rolex à l’esprit d’entreprise.
Au Cameroun, le cardiologue est un mouton à cinq pattes. En 2010, Arthur Zang Adzaba, un élève ingénieur de 22 ans, découvrait ainsi, au cours d’un stage à l’hôpital général de Yaoundé, la grande détresse des malades du coeur : 30 cardiologues (40 aujourd’hui) pour 20 millions d’habitants, répartis dans les villes de Douala et Yaoundé.
Chargé par le professeur Samuel Kingué, cardiologue dans ledit hôpital, de réfléchir au moyen de permettre à un maximum de patients d’être pris en charge par les rares spécialistes du pays, l’étudiant proposait, quelques mois plus tard, en 2011, une ébauche du Cardiopad, considéré désormais comme la première tablette médicale africaine.
La version définitive est désormais sur le marché (30 exemplaires au total), au prix de 2 000 dollars environ (1 470 euros), soit deux fois moins chère que les solutions proposées par les concurrents. Encore trop onéreuses pour des particuliers, les tablettes restent pour l’instant propriété de l’hôpital, qui les prête aux malades.
Le Cardiopad est simple à utiliser : connecté par Bluetooth à des électrodes fixées sur la poitrine du patient qui se trouve en zone "enclavée", il sert d’interface entre lui et son médecin basé dans une autre localité. Les électrodes transmettent directement les données de l’électrocardiogramme du patient à la tablette, qui à son tour envoie par le réseau de téléphonie mobile les informations saisies au spécialiste. Ce dernier n’a plus qu’à les interpréter et à prescrire un traitement. Cette tâche pourra aussi être confiée à un médecin local.
Un taux de décès dus aux problèmes cardiaques de 22%
Pour son jeune créateur, déjà récompensé par le prix Rolex à l’esprit d’entreprise, qui lui a été décerné le 24 juin, le Cardiopad pourrait réduire le taux de décès liés aux problèmes cardiaques, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue à 22 % en Afrique centrale.
Déjà, avec sept heures d’autonomie, il évite au patient non seulement des déplacements répétés mais aussi de trop longues attentes. Arthur Zang Adzaba espère aussi baisser le coût des soins. Le Cameroun et la Chine se partagent la fabrication du Cardiopad, qui suscite des appétits : plusieurs entreprises ont souhaité nouer des partenariats avec le jeune créateur, que le magazine Forbes a classé en 2013 parmi les 30 entrepreneurs de moins de 30 ans les plus brillants.
Lui dit placer le patient au centre de ses préoccupations et rejette toute alliance avec des sociétés attirées par le seul appât du gain. Si quelque 20 millions de F CFA (environ 20 500 euros) lui ont bien été accordés par le président Paul Biya pour ses recherches, il finance encore ses Cardiopad essentiellement grâce à ses prix. Arthur Zang Adzaba rêve déjà d’une suite : une tablette pour des échographies.
>> À lire aussi : Nouvelles technologies : le top 10 des innovations africaines
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