Mustapha Laabid, le président du groupe d’amitié France-Maroc, poursuivi pour abus de confiance

Le député franco-marocain Mustapha Laabid, poursuivi par le tribunal correctionnel de Rennes pour abus de confiance, a reconnu avoir réglé des achats personnels avec la carte bancaire de l’association qu’il présidait, et plus largement une gestion « maladroite et approximative » des fonds de la structure.

Mustapha Laabid, député de l’Ille-et-Vilaine et président du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale. © Bruno Levy pour JA

Mustapha Laabid, député de l’Ille-et-Vilaine et président du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale. © Bruno Levy pour JA

Publié le 4 juin 2019 Lecture : 2 minutes.

Mustapha Laabid, 50 ans, député La République en marche (LREM), est soupçonné d’avoir utilisé à des fins personnelles des fonds du collectif Intermède, association d’insertion professionnelle dans les quartiers défavorisés, financée uniquement par subventions publiques, qu’il présidait jusqu’à son élection en 2017. Le montant du préjudice présumé est de 21 930 euros, entre 2015 et 2017.

Le parquet a requis six mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité. Une enquête avait été ouverte à la suite d’un signalement, en octobre 2017, de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy. L’accusation reproche à Mustapha Laabid d’avoir utilisé les fonds de l’association pour ses dépenses personnelles, dont 15 000 euros de repas, des achats dans des commerces, des frais de téléphonie et d’hôtels.

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Autant de dépenses « dont le lien avec l’association est incertain », a relevé la présidente du tribunal, Véronique Lanneau. Énumérant les courses réalisées avec la carte de l’association – lait Ribot, gel douche, couches culottes, yaourts à boire, jouets pour enfants, etc – Lanneau a estimé qu’elles relevaient davantage de « courses familiales » que de dépenses pour une association d’aide à l’insertion professionnelle.

« Négligences dans la gestion »

« Je n’ai jamais fait de courses personnelles sur le compte de l’association », s’est d’abord défendu Laabid, assurant que chaque dépense était liée à un événement de l’association, avant de reconnaître qu’il avait pu y avoir des « négligences dans la gestion », citant notamment l’achat d’articles de sport.

S’il a reconnu avoir réglé avec la carte de l’association des frais d’hôtel à Marrakech, où il passait des vacances en famille, il a assuré que c’était parce que sa carte personnelle « ne passait pas », ajoutant avoir ensuite remboursé l’association.

Le procureur a souligné que ces manquements réitérés ne pouvaient être uniquement considérés comme des erreurs

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« Je suis profondément honnête », a déclaré le député, larmes aux yeux, reconnaissant qu’il aurait dû faire appel à un expert-comptable. Le procureur a souligné que ces « manquements réitérés » ne pouvaient être uniquement considérés comme des erreurs mais bien comme des détournements volontaires.

L’avocat du prévenu, Me William Pineau, a lui dénoncé une « enquête à charge », soulignant que Laabid avait permis le retour vers l’emploi de plus de 8 000 jeunes. Il a également pointé la concomitance du signalement de Tracfin et de l’élection de Laabid, tout en reconnaissant des « négligences simples et un manque de rigueur ». Le tribunal rendra sa décision le 6 août.

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