RDC : des nominations très politiques à la tête de la Gécamines et de la SNCC
Le président congolais, Félix Tshisekedi, a annoncé la reconduction d’Albert Yuma Mulimbi – un proche de Joseph Kabila – à son poste de président du conseil d’administration de la Gécamines. Mais c’est un proche de Moïse Katumbi, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, qui présidera désormais la Société nationale des chemins de fer du Congo.
Dans une série d’ordonnances annoncées à la télévision publique congolaise le 3 juin dans la soirée, le président congolais, Félix Tshisekedi, a acté la reconduction d’Albert Yuma Mulimbi à son poste de président du conseil d’administration du géant minier Gécamines.
Ce proche de Joseph Kabila, un temps pressenti comme Premier ministre sous la pression de l’ancien président, restera finalement à la tête de la société d’État, un poste qu’il occupe depuis 2011. Une source proche de la présidence explique que cette reconduction est motivée par la nécessité de renforcer l’action amorcée durant son dernier mandat pour rééquilibrer les partenariats du géant national avec ses partenaires internationaux, comme Glencore, ERG ou encore Ivanohe Mining.
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Un ex-frondeur à la direction générale de la Gécamines
Albert Yuma Mulimbi sera secondé par Sama Lukonde Kyenge, nommé comme directeur général de la compagnie, en remplacement de Jacques Kamenga Tshimuanga (nommé directeur général adjoint de la SNCC). Membre du parti politique Avenir du Congo – dont le président Dany Banza est l’un des ambassadeurs itinérants de Félix Tshisekedi – ce dernier avait démissionné en septembre 2015 de ses fonctions de ministre des Sports pour obéir à la consigne de son parti, exclu de la majorité présidentielle pour avoir protesté contre un éventuel troisième mandat de Joseph Kabila.
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Les nouveaux dirigeants de la Gécamines auront la lourde charge de poursuivre la réforme du système impulsée en février 2018 et destinée à faire de la Gécamines un véritable meneur de projets miniers et à la faire davantage profiter des fruits de ses partenariats. Il s’agira notamment pour la société d’État, explique une source à la Gécamines, d’obtenir de ses partenaires une quote-part des matières produites, à charge pour elle de les commercialiser comme elle le souhaite.
« La non atteinte de la rentabilité souhaitée par le projet sera ainsi désormais supportée par l’opérateur investisseur et non par la Gécamines », poursuit notre source.
Une compagnie ferroviaire en grande difficulté
Du côté de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), qui gère les tronçons ferroviaires de l’est et du sud du pays, c’est vers un proche de l’opposant Moise Katumbi, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, que Félix Tshisekedi s’est tourné pour le poste de président.
Ce dernier a été l’un les premiers cadres de la plateforme Ensemble, fondée par l’ex-gouverneur du Katanga, à reconnaître la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle du 30 décembre 2018 et à quitter la coalition Lamuka, laquelle avait soutenu la candidature de Martin Fayulu.
Confiant à Jeune Afrique sa « profonde émotion » suite à sa nomination, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, lui-même ancien cheminot, a promis de tout mettre en oeuvre pour « servir la population ».
Mais son poste ne sera pas de tout repos : « L’entreprise traverse un moment très difficile. Il y a notamment le problème épineux des salaires des agents et celui de l’état des voies ferrées, lesquelles nécessitent une réhabilitation » a expliqué à Jeune Afrique Victor Umba, président de l’intersyndicale. Plusieurs accidents mortels ont eu lieu ces dernières années, dont celui de Buyofwe, dans la province du Lualaba, qui a fait 33 morts en novembre 2017. En outre, en février dernier, les agents de la SNCC – alors dirigée par Sylvestre Ilunga Ilunkamba, devenu entre-temps Premier ministre – accusaient des arriérés de salaires de 227 mois.
Des nominations critiquées
Le poste de directeur général de la société ferroviaire a quant à lui été confié au député national Fabien Mutomb, un haut cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de l’actuel président de la République.
Dès l’annonce de ces nominations, les critiques ont fusé. Constant Mutamba, avocat et cadre du FCC, estime ainsi que les ordonnances n’étant pas contresignées par le nouveau Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilukamba – non encore investi – elles « violent allègrement l’article 81 de la Constitution ».
L’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) s’inscrit pour sa part en faux contre cette lecture. Pour elle, « au terme de l’article 69 de la Constitution, le président est le garant de la continuité de l’État, et peut donc agir sans attendre l’installation du nouveau Premier ministre ».
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